Noyer sculpté, teinté et doré.
Gênes.
ca. 1770.
h. 103,5 cm ; l. 71 cm.
Paire de fauteuils génois à chassis, en noyer sculpté, teinté et doré.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les bancalari (c’est-à-dire les ébénistes liguriens), et les Génois en particulier, étaient passés maîtres dans la confection de meubles dont le répertoire décoratif rococo proprement italien épousait des formes d’inspiration française.
Les rapports entre le royaume de France et la république de Gênes, quoique tumultueux, ont été forts et nombreux depuis la fin du XVIIe siècle et, si un peintre baroque génois, Francesco Maria Borzone, dit Bourzon, avait été reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1663, c’est un architecte français, Charles de Wailly, qui est choisi pour mener jusqu’en 1773 la restauration du Palazzo Spinola aux côtés de l’architecte ligurien Andrea Tagliaficchi.
Charles de Wailly, et le néoclassicisme français en général, ont eu une influence durable sur l’art décoratif ligurien. L’une des conséquences de cette influence est la pénétration de formes françaises alors nouvelles, à la grecque, antiquisantes et plus sévères, au sein des fantaisies encore très rococo des bancalari. Il s’agit là d’un trait caractéristique du mobilier génois de la seconde moitié du XVIIIe siècle, et le choix de pieds tournés, fuselés et cannelés, pour des fauteuils par ailleurs voluptueux et pleins de formes serpentines, est typique de cette période.
Dans le même ordre d’idée, le dossier de cette paire fauteuils est couronné d’une coque, forme typique du répertoire rococo, mais dont la fantaisie est ici tempérée par symétrie, formant en quelque sorte un rococo « symétrisé classicisant », résultat sans doute d’une influence stylistique française.
Sources
Andrea Disertori et Anna Necchi Disertori, « Italian Furniture of the 18th Century », dans Furniture from Rococo to Art Deco, trad. Bainbridge,
Cologne, 2000.
Enrico Colle, Il Mobile in Italia dal Cinquecento all’Ottocento, Milan, 2009.