C’est entre des mets mijotant dans de lourds chaudrons et des gibiers faisandant que la scène se déroule. Dans la chaleur d’une cuisine, une diseuse de bonne aventure, une bohémienne, se saisit de la main d’un élégant jeune homme afin de percer le secret de l’avenir dans ses lignes. Le temps parait en suspens, tous les regards se focalisent sur la main dans l’attente des révélations de la chiromancienne. Mais les deux individus qui s’agitent derrière le gentilhomme s’intéressent-ils uniquement au verdict de la divination ? Ne seraient-ils pas en train de fouiller les poches du gentilhomme en quête d’un butin ?
Simon de Vos compose plusieurs scènes de genre dans ce décor de cuisine en inversant parfois son sens. Ainsi nous retenons « La Bohémienne », Huile sur cuivre 1639, KMSK Anvers - « Partie de cartes conviviale », huile sur cuivre 1640, vente Sothebys 26.01.2007 – ou encore « Intérieur de cuisine avec une diseuse de bonne aventure », huile sur toile, vente Dobiaschofsky 05.11.2014.
De Vos affectionne la chaleur des intérieurs sombres enveloppés d’ocres et de bruns tout en recourant à une gamme chromatiques plus vibrante pour les éléments de décors ou les costumes. Sur le plan iconographique, il puise dans le répertoire de Pieter Paul Rubens, notamment pour l’importance donnée à la gestuelle des protagonistes.
Le thème de ce tableau (« The Fortune teller » en anglais) mis à la mode par le Caravage à la fin du XVIe siècle, a séduit de nombreux peintres tels Georges de la Tour, Valentin de Boulogne ou encore Simon Vouet qui peignent leur propre interprétation du sujet. Ces scènes doivent être observées avec différents niveaux de lecture: elles ont en effet une connotation moralisatrice et mettent en garde contre les fausses prophéties et la séduction intéressée. Il s'agit en quelque sorte d’une allégorie sur la tromperie et la naïveté.
Notre peinture est présentée dans un cadre hollandais à profil renversé en bois noirci.
Dimensions 64 X 81,5 cm – 81 x 98 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d'expertise.
Biographie :
Simon de Vos (Anvers 28.10.1603 – Id. 15.10.1676) est reçu maître à l’Académie de saint Luc d’Anvers en 1620. Il travaille pendant huit ans dans l’atelier de Pierre Paul Rubens, dont l’influence se ressentira dans toute son œuvre, l’accompagnant dans ses voyages en Europe. De retour à Anvers à la fin des années 1620, il collabore fréquemment avec Franz Snyders et Alexandre Adriaenssen. Dès les années 1640, il se concentre sur la grande peinture d’histoire, avec une préférence pour les sujets religieux où il synthétise les apports de Rubens et de van Dyck. Il eut un succès certain dans son art, vendant ses peintures à de grands marchands tel Chrysostoom van Immerseel. La mention de sa personne dans l’album iconographique dirigé et édité par van Dyck, recensant les grandes personnalités anversoises de son époque, témoigne de la considération que ses pairs éprouvaient pour lui. Rubens détenait d’ailleurs un portrait de lui peint par Abraham de Vries.