Bronze, porphyre.
Italie ou France.
Début du XVIIe siècle.
h. 12,5 cm (sans base) ; 19 cm (avec base).
Statuette en bronze dite de la Tireuse d’épine d’après Jean de Bologne.
La posture de cette statuette est manifestement une variation de la figure nue, se tendant debout et tournant son dos, sur le point de laver son pied droit, qu’elle a posé sur un socle à trois faces, identifiée comme une Baigneuse, (Bathing girl ou Bather) et attribuée à Jean de Bologne par Wilhelm von Bode dans son catalogue des collections d’Alfred Beit puis, quelques années plus tard, après la mort d’Alfred Beit, dans celles de son frère Otto Beit, où cette fois la Baigneuse est désormais décrite par Bode comme sur le point de retirer une épine de son pied.
Cette figure, aux dires de Bode lui-même a connu de nombreuses variations : Charles Avery et Anthony Radcliffe, monographes de Jean de Bologne, en citent une au Metropolitan Museum, dont le modèle n’est pas connu, attribuée à Antonio Susini. Ici, la Baigneuse, ici transformée en Vénus, est accompagnée d’un Cupidon qui, d’après Charles Avery et Anthony Radcliffe, aurait été ajouté par Antonio Susini lui-même.
Une autre Baigneuse est à l’Ashmolean Museum d’Oxford, vraisemblablement un moulage ultérieur à celle du Metropolitan, et qui avait été attribuée à Jean de Bologne par Bode, bien qu’elle eût été auparavant, avec plus de prudence, attribuée à l’école de Jean de Bologne ; attribution certes large, mais qui donne du gage à l’autorité d’Antonio Susini.
Il existe cependant des variations du même modèle antérieures à l’ajout d’un Cupidon par Antonio Susini. C’est déjà, bien sûr, le cas du bronze identifié par Bode dans les collections d’Alfred puis d’Otto Beit. C’est aussi le cas d’une Woman bathing, with knee on stool recensée par Charles Avery et Anthony Radcliffe, exemple plus rare, alors conservé au Musée des Beaux-Arts de Dijon. Cette version se distingue encore de la nôtre en ce que le pied droit repose encore sur un tripode ; mais le modelé du visage, comparé à celui du Metropolitan et, plus encore, de l’Ashmolean, est plus proche de notre modèle que de toutes les autres versions citées par Avery et Radcliffe.
Toutes ces variantes de la Baigneuse, la nôtre comme celle de l’Ashmolean, du Metropolitan, des Beaux-Arts de Dijon, et même un tirage de mauvaise qualité, non mentionné jusqu’ici, conservé au Victoria & Albert Museum, partagent un détail caractéristique : un pli très marqué qui sépare le bras et le sein droits de la Baigneuse.
Toutes ces variantes de la « baigneuse », la nôtre, celle de l'Ashmolean, celle du Metropolitan, celle des Beaux-Arts de Dijon, et d’autres encore, dont une, tirage sans doute tardif, conservé au Victoria & Albert Museum ; toutes ont en commun un pli caractéristique entre le bras droit et le sein de la Baigneuse.
L’absence de Cupidon, cependant, et d’un trépied suggère une date antérieure pour notre Baigneuse, les versions du Victoria & Albert Museum et même celui du Musée des Beaux-Arts de Dijon étant coulés d’une seule pièce : le modèle de la Baigneuse sans trépied a toutes les chances de précéder ces derniers, tous datés entre la fin du XVIe siècle et les années 1640.
Bien que la littérature ait le plus souvent retenu le terme de Baigneuse pour les statuettes de ce type, la gestuelle de cette dernière, et l’autorité de Wilhelm von Bode dans la deuxième description de cette statuette en 1913, permettent de lui donner le nom moins général et abstrait de Tireuse d’épine. La statuette devient alors un pendant moderne au fameux Spinario, le célèbre Tireur d’épine en bronze des Musées du Capitole. Un dégât discret est à noter sous le pied de la statuette, qui a été posée à l’époque moderne sur un socle en porphyre.
Sources
Wilhelm von Bode, The Art Collection of Mr. Alfred Beit at his residence, 26 Park Lane, London, Londres, 1904 ; Wilhelm von Bode, Catalogue of the Collection of Pictures and Bronzes in the Possession of Mr. Otto Beit, Londres, 1913 ; Charles Avery et Anthony Radcliffe, Giambologna. Sculptor to the Medici, Londres, 1978.