-une remarquable Pendule à poser. Erigée sur quatre pieds en toupie simulant des corbeilles d'osier tressé telles que les arboraient le temps d'une récréative promenade dans les Jardins paysagers du Domaine de Trianon les Souveraines ou Dames de qualité poudrées d'Antan, elle présente un socle de forme rectangulaire à légers ressauts et aux flancs arrondis. Foncé toutes faces d'un contre-fond en bronze doré, celui-ci se pare d'un décor ornemental ajouré des plus raffinés. Serties de listels moulurés, des frises à motifs néo-classiques de postes, de besants galonnent des réserves ouvragées d'une résille inspirée des charmants travaux de vannerie du XVIIIe siècle. A ce décor de Treillage, évocateur de plaisirs champêtres retrouvés fait écho au sein d'un médaillon ovalisé souligné d'un perlé un Trophée Pastoral: ciselé sur fond amati, il unit, retenus par un noeud de ruban,attributs musicaux aux douces sonorités (musette, hautbois, double-Flûte) et ludiques atttributs associés aux activités de jardinage (pelle à terreau, tigelle de rose en bouton ).
Sur sa terrasse pavoisée de branches de rosiers délicatement ciselées se dresse, altier, regardant vers dextre un Aigle vigoureusement modelé. Au sein de ses ailes déployées est lovée une sphère ouvrante renfermant le mouvement de la pendule.Deux aiguilles en forme de dards indiquent les heures en chiffres arabes découpés et rivés au globe ceint de tiges feuillagées de roses en bouton.
Signée "Mottheau/ A Paris", cette pièce horlogère de qualité est à rapprocher par sa conception génèrale de la fameuse pendule dite "Aux Aiglons" (Versailles, Musée National des Châteaux de Versailles et de Trianon, Inv.T 50 C) exécutée conjointement à une paire de Bras de lumière (Lisbonne, Musée Calouste Gulbenkian, Inv. 18 A/B) en 1787-1788 sur des modèles de Jean-Démosthène Dugourc (1749-1823), dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne par Pierre-Philippe Thomire (1751-1843), éminent Bronzier, ciseleur-doreur du dernier tiers du XVIIIe siècle à l'intention de Marie-Antoinette, commanditaire pour ses Appartements privés du Petit Trianon d'un mobilier (Chambre à coucher de la Reine dite "Du Treillage" ou "Des Epis" )en parfaite osmose avec la Nature tout à la fois champêtre et délicieusement enchanteresse du Domaine paysager environnant.
Pour décliner avec discernement l'élégante hiardesse de composition, les féminines séductions du décor de vannerie de son illustre devancière, notre pendule s'en démarque néanmoins quant au motif sommital adopté: aux "Deux Aiglons"- emblèmes de la famille de l'Archiduchesse d'Autriche-, elle substitue la figure centrale d'un Aigle -telle qu'on la retrouve notamment dans le "Cahier de six Pendules à l'usage des Fondeurs, Dessinées par Jean-François Forty (1721-178?)" ( vers 1775-1794, Paris, INHA, Fonds Jacques Doucet, Cahier D, Pl. 4). Associé au motif Vénusien de la rose- Fleur emblématique de la Reine traditionnellement consacrée à Vénus, déeese de L'Amour), l'impérieux volatile pérennise les agréments du sentiment amoureux.
-une originale Paire de Candélabres assortie à trois bras de lumière-Sur un piètement tripode et socle triangulaire aux flancs incurvés parés du décor champêtre adopté pour la pièce horlogère sont rivés trois robustes sabots caprins. De leur vigoureux jambage feuillagé d'acanthe réunis par une bague à ressaut se déploient avec magnificence des Cornes d'Amalthée -allusion à la Mère nourrière de Zeus mais aussi à l'univers rural aristocratiquement mis en scène par Marie-Antoinette en le Hameau des Jardins de Trianon- formant bras de lumière. Nerveusement ciselés, ceux-ci, auréolés à leur évasement d'une pimpante corolle délicieusement fleurie de Roses, enchâssent un carquois à empennage de flèches-, dont les traits font naître L'Amour .Agrémenté sur son culot d'une pomme de pin, cet attribut de vocation sentimentale -, s'enjolive sur sa gaine ouvragée de cannelures torses d'ondulantes tigelles de roses . Leur agencemement confère à ces candélabres exaltant la prodigalité printanière de la Nature élégance et raffinement.
Respectueuse de l'aimable thématique comme de l'esthétique novatrice prônés par la pièce horlogère muséale, cette atypiqe Paire de Candélabres dont nous ne connaissons pas de précédent est vraissemblament une création originale de la Maison Mottheau laquelle, proposait à sa clientèle privilégiée, outre des "Garnitures de Cheminée, Lustres, bras de lumière, appliques, .." de "Genres anciens"ou exécutés sur des "Modèles du Garde-Meuble et des Palais Nationaux", des pièces luminaires sophistiquées conçues en étroite collaboration avec les sculpteurs-ornemenanistes les plus renommés de l'époque .
Bel exemple de ces ensembles de "Grande Décoration" conçus par de prestigieuses Maisons parisiennes de Bronzes d'Art et d'Ameublement de la seconde moitié du XIXe siècle, cette Garniture de Cheminée signée d'Ernest Mottheau(1841-1905) illustre , tant par son indéniable élégance formelle que par sa grande finesse de ciselure, le savoir-faire et les compétances d'un Etablissement hors-pair reconnu pour ses modèles alliant -sans les copier-illustres référents et imaginative sensibilité.
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La Maison MOTTHEAU (1864-1912), à Paris- Issu d'une modeste famille de Maîtres-carriers, Ernest-Antoine-Louis Mottheau (1841-1905), initié très tôt à la profession d'"ouvrier-ciseleur" (1853-1857) fonda en 1864 au 7, rue du Perche (Paris, 3e arr.) sa propre Maison de Bronzes d'Art et d'Ameublement . Momentanément (1865-1878) associé sous la raison sociale "Bouhon et Mottheau " à Auguste-Matthieu Bouhon (1839-1890), Fabricant de Bronzes parisien réputé pour "la perfection de travail, l'élegance et l'originalité sans égale" de ses " Feux et Garnitures de Foyer" avec lequel il se distingue lors des Expostions Universelles de Paris de 1867 et 1878, E. Mottheau " parvint ,grâce à un labeur persévérant, à une intélligence exceptionnelle jointe à une scrupuleuse probité" , à conquérir ses propres lettres de noblesse en se spécialisant (1880) dans les Bronzes d'Art d'Eclairage .Dès lors, la Maison Mottheau n'eut de cesse d'assoir sa réputation, de rivaliser d'excellence avec des Etablissements parisiens hors-pair ( Baguès, Collin,Denière, Lacarrière, Lemerle-Charpentier, Lerolle,Servant) et, en une décennie d'établir sa renommée. Appelé à participer aux Comités et Jury des Grandes Expositions parisiennes (1886, 1887 et 1892), Ernest Mottheau sera laurée à L'Exposition Universelle de 1889 pour " ses produits, connus et estimés pour leur beauté et leur valeur industrielle"d'une Médaille d'Or.
En 1890, il meut son Etablissement au 50, rue des Tournelles. La même année, un large Encart rédigé dans L'Annuaire-Almanach du Commerce, .. de Paris donne la mesure de son ascension sociale, de l'envergure de sa Maison: "Mottheau Ernest/ Médaille d'Or à l'Exposition Universelle de Paris 1889/ Bronzes d'Art et d'Eclairage/ Specialité de Luminaires/ Lustres, Appliques, Bras, torchères, ec .. de Tous Styles/ Modèles du Garde -Meuble et des Palais Nationaux/ Garnitures de Cristaux, genre Ancien..". En 1897, il adjoignait à sa florissante entreprise la participation de son fils, Eugène Mottheau lequel maintint, après le décès (1905) de son père, "la situation exceptionnelle acquise dans le monde industriel et artistique" par cette émérite Fabrique désormais "de premier ordre".
Le Grand Prix obtenu à l'Exposition Universelle de Paris de 1900 - notamment par l'exhibition de La Nature, sculpturale et audacieuse torchère lumineuse conçue pour le compte de la Maison par le talentueux sculpteur-ornemaniste Frédéric- E ugène Piat (1827-1903)- couronnera l'exemplaire "cursus honorum" d'Ernest Mottheau. A l'instar de son accessit au titre de Chevalier de la Légion d'Honneur ( 16 août 1900), cette haute disctinction "unanimement applaudie"saluera la "carrière toute d'honneur et de travail" de ce "F ondeur-ciseleur" qui eut le privilège de fournir en Bronzes d'Art et d'Ameublement les têtes couronnées du Portugal et du Danemark, ainsi que des Etablissements Etatiques sis en Espagne, Suède ou Turquie.
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Bibliographie: -Marie-Antoinette, Catalogue d'Exposition, Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 15-30 juin 2008, Paris: RMN:2008, p. 283-284, n° 206 et 207;-Chefs d'Oeuvres du Musée Gulbenkian de Lisbonne. Meubles et objets royaux du XVIIIe siècle français, Paris: RMN, 2000, p. 104, Cat. 26
-Annuaire-Almanach du Commerce, Firmin-Didot , 1870- 1908; Babelon Ernest, L'Art à l'Exposition Universelle de 1900, Paris: 1912, p. 453;-Lamathière, Théophile de, Panthéon de la Légion d'Honneur, Paris: 1875-1910, Tome 19, pp. 181-182;-- Devaux, Yves, L'Univers des Bronzes et Fontes ornementales, 1850-1920, Paris: Pygmalion, 1978, p.282;-Marx, Roger, La Décoration et Les Industries à l'Exposition Universelle de 1900, Paris: 1901, p. 57.-Quantin, Albert, L'Exposition du Siècle, L'Art décoratif Français, Paris: 1901, p.101, illust..;-Les Salons de 1902: L'éclairage, in: Revue de l'Art ancien et moderne, du 10 janvier 1902,p.419
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Marques et Signatures: Cadran signé: Mottheau/ Paris- Sur la platine du Mouvement numéroté "565", cachet de l'Horloger "Vincenti/ Médaille d'argent/ 1855"
Matériaux: bronze ciselé et doré au mat; tôle ou cuivre émaillé noir .
Dimensions: Pendule: H.: 29 cm;-L.: 32 cm;-Pr.: 10 cm Candélabres: H.: 25 cm; L.: 10cm; Pr; : 10 cm
Remarquable Travail parisien de la Maison Mottheau de Style Louis XVI Marie-Antoinette d'après un modèle de Pierre-Philippe Thomire. Dernier tiers du XIXe siècle, Circa 1890
Très Bon Etat. Dorure d'origine. Petites usures du temps.