EXCEPTIONNELLE ARBALETE A JALET en bois sculpté (fruitier, peut-être du cerisier ?)
ITALIE (Lombardie ?) vers 1600
L'arbalète à jalet ou dite "à balle", projetait non pas des flèches mais de petits projectiles -billes en terre ou en plomb, pierres,... avec une portée relativement faible -une vingtaine ou une trentaine de mètres... était utilisée pour la chasse aux oiseaux et aux petit gibier.
Sa diffusion, en particulier parmi la Noblesse, signifie que de nombreux spécimens d'arbalète sont de véritables oeuvres d'art, décorées et gravées dans leur boiserie et/ou composants métalliques.
Le système de cordage de l'arme consistait en une double corde en fils de chanvre tissés, maintenue en place verticalement par des entretoises en bois et fixée aux extrémités de l'arc en acier, recouvertes de garnitures de cuir. Le logement de la balle consiste en une poche en cuir ou un petit panier en corde tressée placée au milieu des cordes (voir photo du type général de l'arabalète à jalet). La difficulté de ce travail résidait dans la parfait équilibre à trouver afin que le projectile prévu parte dans la direction souhaitée, à tel point qu'il ne reste à ce jours que quelques rares artisans archers ou armuriers capables de refaire ces cordages permettant d'armer l'arbalète.
Parfait état de conervation: l'arbalète a été sculptée dans une essence et une partie du bois drastiquement sélectionnées, pour garantir sa résistance et sa pérénité. La courbe de l'arme, de dimensions relativement modestes, est exceptionnelle de pureté.
On remarquer en particulier ici le soin exceptionnel apporté aux sculptures en relief et rond-de-bosse: muffle de lion à l'avant, masques de grotesques et surtout un énigmatique et savoureux SUJET DE SUPPLICIE au dessus de la crosse, à l'arrière de la tenière, derrière le déclic de la noix: un homme, nu, agenouillé à 4 pattes est avalé, ou littéralement gobé par un monstre marin. Le poisson géant repose lui-même sur un bélier couché, formant support à cette scène aussi drôle qu'étonnante. N'apparait plus de ce pauvre bougre que son postérieur dénudé, exposé au regard de tous... Cette partie avait aussi pour fonction d' offrir un bon support au tir.
Le travail de la forme de l'extrémité de la crosse est lui aussi remarquable de finesse, d'équilibre et de rafinement.
Les parties en fer, support, guidon et table de visée, toutes d'origine, sont elles traitées ici de façon assez simple et épurée, alors que les extrémités courbes de l'arc, la queue de détente, ou la fourchette de visée de l'arbalète sont elles plus raffinées.
Cette arbalète est notamment à rapprocher de plusoieurs exemplaires d'exception:
*d'une autre faisant partie des collections du Musée du Louvre (No Inv MRR33; P405428, Département des objets du Moyen-Age, de la Renaissance et des Temps Modernes),
*d'une autre provenant des collections du Musée des Beaux Arts de Lyon (No inv H250)
*et enfin de l'exceptionnelle arbalète à jalet dite "de Catherine de Médicis", conservée au Musée de l'Armée (Côte L115ROB, autre n° inventaire MS13 Musée des Souverains)
Dimensions:
Longueur 75 cm
largeur 52,5cm et
hauteur 16cm
Notre exemplaire se distingue par l'originalité du sujet sculpté sur sa crosse, et par son exemplaire état de conservation.