Portrait de jeune femme
1817.
Signé (en partie effacée) et daté en bas à gauche : Lafitte 1817.
Fusain, estompe, pierre noire sur papier.
H : 24,5 ; L : 19 cm.
Ce dessin délicat représente une jeune femme de face, portant un large chapeau à ruban. Ses cheveux bouclés encadrent son visage, elle semble pensive, le regard tourné hors champ. Elle est vêtue d'une robe légère avec un nœud au niveau de la taille. Le fond est suggéré de manière subtile, avec un paysage légèrement esquissé, laissant toute l'attention sur la figure.
Louis Lafitte est un peintre, dessinateur et décorateur français. Formé à l'Académie royale, il remporte le Prix de Rome en 1791, il est le dernier peintre envoyé en Italie par Louis XVI[1]. Lafitte est sollicité pour des projets décoratifs au château de Malmaison, et également pour les fêtes impériales et le mariage de l'empereur. Il contribue à la décoration de monuments tels que l'Arc de Triomphe du Carrousel et l’Hôtel de Ville de Paris. Il réalise également des illustrations pour des livres, notamment pour les œuvres de Racine et de Fénelon. Il dessine des modèles pour la manufacture de Sèvres et des motifs de papier peint en collaboration avec Merry-Joseph Blondel. C’est ainsi qu’il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1823 en tant que dessinateur du cabinet du roi[2].
C’est d’ailleurs son trait de crayon qui fera son succès auprès des graveurs d’estampes, les éditeurs de belles éditions illustrées, notamment Firmin Didot, pour lequel il réalise l’édition de Paul et Virginie, supervisée par son auteur lui-même, Bernardin de Saint Pierre[3]. Louis Lafitte a réussi à traverser le revers des changements de régimes, commençant sa carrière sous Napoléon Ier, il reçoit la Légion d’honneur de Louis XVIII et travaille au Livre du sacre de Charles X. Artiste néoclassique par excellence, il a réussi à s’adapter au changement du goût contemporain.
Ce dessin représente un témoignage intéressant d’un pan entier de la carrière de Lafitte, loin des sujets d’histoires et des compositions allégoriques qui sont plus connus dans sa production. En effet, l’artiste prolifique a travaillé à de nombreux sujets, et notamment le portrait, comme en témoigne le catalogue de la vente posthume de l’artiste[4] et le fait qu’il figure dans les Almanach du commerce de Paris, en tant que peintre d’histoire, portraitiste et dessinateur.
On distingue le trait incisif caractéristique du dessin de Lafitte sur les étoffes, qui fit son succès pour les illustrations gravées, tandis que le visage est modelé subtilement à l’estompe. Le travail du fond est également intéressant, les plans étant simplement suggérés. D’une veine presque romantique, il est possible que ce dessin ait été destiné à être gravé pour illustrer un recueil de poèmes ou un roman.
[1] Catalogue des tableaux, dessins, estampes, livres, médailles, coquilles et curiosités du cabinet de feu M. Louis Lafitte [... ], Duchesne aîné, 1828.
[2] Marc Allègret, « Louis Lafitte, (1770-1828), peintre et dessinateur », dans Revue du Souvenir Napoléonien, no 439, p. 63.
[3] Véronique Mathis. Louis Lafitte : un peintre d'histoire de la Révolution à la Restauration. Histoire. Normandie Université, 2020. Français.
[4] Catalogue des tableaux… op. cit., p. 13.