- Légèrement frotté par endroits et légèrement taché, un coin de la base avec une petite perte, dans l'ensemble encore en très bon état pour son âge.
- Les caresses de l'innocence -
La jeune fille allongée est entièrement absorbée par les caresses du chevreau tendrement enlacé. Elle a presque fermé les yeux, pleine d'intimité, tandis que le jeune animal savoure lui aussi les caresses. Il s'est légèrement penché sur ses petites pattes maladroites pour toucher de la tête les lèvres et les joues de la jeune fille. Comme des âmes sœurs, ils sont attirés par une affection intérieure. La timidité du chevreau illustre ainsi la nature innocente de la jeune fille.
Ary Bitter réussit magistralement à faire apparaître le corps de l'animal en mouvement comme s'il était vivant. Sur le plan anatomique, il donne l'impression d'être en chair et en os, tandis que le seul modelage suggéré donne une impression convaincante de fourrure. Le corps de la jeune fille est tout aussi magistral. L'idée de la figure allongée permet au chevreau et à la fillette de se rencontrer à hauteur des yeux. En se tournant vers l'animal caressant, le nu de la jeune fille est placé dans une torsion tendue qui fait également apparaître le corps gracile comme vivant et le présente sous différents angles. Grâce à la taille du bronze, le nu devient littéralement un paysage corporel.
La vivacité du chevreau et de la jeune fille s'accomplit dans la caresse fusionnelle, ce qui fait de cette représentation une allégorie de la tendresse.
Sur l'artiste
Ary Bitter a commencé à étudier à l'Académie des Beaux-Arts de Marseille, sa ville natale, en 1895. Le jeune artiste talentueux a remporté le premier prix pour une œuvre de sculpture en 1900 et en 1901 pour le meilleur dessin. Grâce à un mécène, il a pu s'installer à Paris, la capitale de l'art, en 1902. Il y travailla d'abord dans l'atelier de Louis-Ernest Barrias, puis fut admis à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts en 1906. En 1910, il remporta le premier prix du Concours Chenavard, en 1911 le prix Lemaire et en 1912 le prix de la Fondation Stillmann, ce qui valut à Bitter une reconnaissance et fit de lui un artiste très demandé. De 1910 à 1939, il exposa régulièrement au Salon des artistes français. En 1924, il fut honoré de la médaille d'or du Salon de Paris. En 1932, sa renommée culmina avec sa nomination comme chevalier de la Légion d'honneur et en 1937, il reçut une médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris.
Ary Bitter était surtout apprécié pour ses sculptures en bronze, qui associaient souvent la gracilité du monde animal à la beauté féminine. Ses œuvres jouissaient d'une telle popularité qu'elles furent reproduites en porcelaine biscuit par la manufacture royale de porcelaine de Sèvres.