- quelques endroits frottés, dans l'ensemble en excellent état pour l'âge
- L'âme sœur -
La sculpture en bronze représente une jeune femme dans un échange intime avec une biche qui l'accompagne. L'animal s'arrête pour se tourner vers elle, tandis que la belle nue ralentit le pas pour regarder elle aussi la biche dans les yeux et la caresser tendrement de la main. La femme et la biche sont en harmonie intérieure. Même si ses lèvres restent immobiles, elle parle le langage de l'animal avec lequel elle est liée d'une manière profondément ressentie.
La patine dorée qui contraste avec la coloration plus naturaliste de la biche fait apparaître la jeune femme comme une sainte, même si elle n'est pas identifiable comme telle. Elle peut également évoquer la déesse de la chasse Diane ou une nymphe. Il lui manque toutefois la sauvagerie. Dans sa naïveté innocente, elle ressemble plutôt à une vestale, qui n'est certes pas à sa place dans la solitude de la forêt. Et pourtant, la jeune beauté qui se déplace sans vêtements au cœur de la nature a l'air d'une prêtresse qui, les cheveux attachés et la coupe de cheveux soignée, se trouve sur le chemin d'un bosquet sacré.
Pour ouvrir les associations mentionnées, Kaesbach a délibérément conçu la figure féminine de manière à ce qu'elle ne soit pas identifiable en tant que personne concrète. Il a ainsi créé une allégorie de la féminité naturelle caractéristique de l'Art nouveau, dans laquelle la biche est bien plus qu'un animal d'accompagnement. Elle présente la même grâce gracieuse que la jeune femme et l'harmonie intérieure entre les deux fait apparaître la biche comme son autre moi. Il incarne, transposé dans l'animalité, son être intérieur, ce qui confère également au chevreuil un caractère allégorique.
Sur l'artiste
Rudolf Kaesbach a étudié la sculpture à l'Académie de Hanau, puis a travaillé dans une fonderie de bronze parisienne en 1900. Afin de pouvoir travailler en tant qu'artiste indépendant, il ouvrit un atelier à Düsseldorf dans lequel il coulait des bronzes d'après des modèles qu'il avait lui-même conçus. En 1902, il fit ses débuts à l'exposition nationale d'art allemande de Düsseldorf. L'année suivante, Kaesbach se rendit à l'Académie de Bruxelles. Il y fut inspiré par la sculpture belge contemporaine, notamment par l'œuvre de Constantin Meunier. De retour, il s'installa à Berlin où il ouvrit un atelier dans le quartier résidentiel de Grunewald et se consacra, en plus de la conception de bronzes, à la sculpture de marbre grandeur nature. À partir de 1911, il présenta régulièrement ses œuvres lors des grandes expositions d'art de Berlin, mais aussi à Düsseldorf et à Malmö. Entre 1936 et 1939, il a également réalisé des modèles pour la manufacture de porcelaine Rosenthal. De 1939 à 1944, Kaesbach participa aux Grandes expositions d'art allemandes à Munich.