- La pointe du nez est abîmée et il y a de très rares endroits abîmés. On remarque deux petites taches sur le foulard, sinon l'œuvre est en bon état.
- Adieu à l'enfance -
Kochendörfer, qui avait séjourné à Florence en tant que sculpteur, crée ici une œuvre inspirée des bustes de portraits en marbre de la première Renaissance florentine. Au lieu d'un regard confiant vers le monde ouvert par la Renaissance, comme dans le portrait de la jeune Marietta Strozzi réalisé vers 1460 par Desiderio da Settignano, Kochendörfer donne à la jeune fille un air replié sur elle-même, qui répand la mélancolie de la fin du siècle. La tête est inclinée vers le bas et le regard est tourné vers l'intérieur. Cependant, la méditation n'est pas une mélancolie pesante ; elle dégage en même temps l'insouciance de l'innocence enfantine. La jeune fille n'est cependant plus une enfant, elle devient une jeune femme, de sorte que la méditation est un adieu nostalgique à son enfance.
Le passage de la jeune fille à la jeune femme, qui couvre ses cheveux d'un foulard, confère au buste une composante érotique, accentuée par l'apparence sensuelle de son corps. Le vêtement de couleur différente est plus foncé et traversé par un grain, ce qui rend sa peau d'autant plus douce et pure. Le visage aux traits nets, avec l'arête du nez droite, les grands yeux et la bouche finement arquée, confère à la jeune femme une aura d'idéalité intouchable. Et pourtant, le visage n'est pas figé, il est extrêmement vivant, notamment grâce à l'ajout de tons jaunes.
Le spectateur est attiré par la beauté de la jeune femme et est en même temps incité à se joindre à ses réflexions. Il en résulte un sentiment d'attachement, même si la jeune femme semble complètement absorbée par elle-même.
Sur l'artiste
Fritz Kochendörfer était le fils d'un fabricant de poupées de Sonneberg. Il avait donc littéralement une affinité avec les personnages sculptés dès le berceau. Il a donc étudié la sculpture à l'Académie des Beaux-Arts de Munich, mais n'a pas pu terminer ses études par manque d'argent. Après un séjour à Rome et à Florence, où il s'est consacré à la sculpture sur marbre, il a travaillé à partir de 1896 pour la Kunstanstalt Schumacher & Co. à Osterode am Harz.
Dans cette entreprise fondée en 1887 par Gottfried Schumacher, on développait de manière expérimentale de nouveaux matériaux permettant d'imiter le marbre. Le « chromoplasta » à base de plâtre, inventé dans un premier temps, n'avait pas les propriétés de matériau souhaitées, mais il a servi de base pour développer le « marmalith », qui permettait de mouler des œuvres ressemblant à du marbre. Ce matériau, également à base de plâtre, était toutefois sensible à l'eau, raison pour laquelle Schumacher développa un procédé de coulée à partir de marbre blanc broyé, afin de répondre au souhait des clients de disposer de surfaces lavables. Avec la prospérité croissante de la classe bourgeoise, une demande de sculptures en marbre véritable s'est développée à partir de 1900, de sorte qu'une manufacture de sculptures a été créée.
C'est dans l'entreprise Schumacher que Fritz Kochendörfer s'est familiarisé avec les techniques de fonte de la pierre, avant de s'installer à son compte en 1899, à Osterode, avec ses propres ateliers. Il continua ses expériences pour améliorer les procédés de moulage et développa une technique de chromage qui permettait de conférer au marbre artificiel des tonalités et des veines variées. C'est surtout grâce à la production de ses statues d'albâtre moulées, qui semblent être en marbre véritable, qu'il connut un tel succès qu'il employait alors plus de 100 personnes dans ses ateliers. En 1913, la Hofkunstanstalt fut rebaptisée Kunstgewerbliche Anstalt. En 1927, l'établissement fut fermé.