IMPORTANT KASHKUL, BOL DE MENDIANT OU DE DERVISH, EN EMAIL CHAMPLEVE SUR LAITON CISELE, AJOURE ET DORE
CACHEMIRE, Inde, milieu du XIXe s
Ses DIMENSIONS INHABITUELLES ET IMPRESSIONNANTES !!!:
41,5cm de long
*16,5cm de large
et 20cm de haut
Poids 1607g
Les couleurs foisonnantes de l'émail cloisonné sont vives et superbes, et le laiton doré à l'or 24 carats, leur donne un éclat encore plus vif, en particulier les bleu cobalt et turquoise persan.
Les émaux sont soigneusement disposés dans les parties en réserve creusées et ciselées à la main, séparées par des contours de laiton eux-même repris en ciselure et dorés, et constituant un riche entrelacs tourbillonnants de courbes et d'arabesques fleuries et végétales.
On retrouve d'ailleurs exactement ces mêmes motifs et esthétiques dans l'art du textile Kashméri, avec les magnifiques châles brodés à la main en laine du Cachemire et soie.
Ce grand récipient, à la forme distinctive, connu sous le nom de kashkul, a été fabriqué au Cachemire au milieu du 19ème siècle. La dinanderie du Cachemire est parfois décrite comme indo-iranienne ou indo-persane et a été influencée par le design indien, européen et du Moyen-Orient. Des éléments de l’ornementation, tels que les fleurs stylisées et les arabesques, montrent l’influence artistique du Moyen-Orient, tandis que les motifs sont dérivés des fleurs et du feuillage des plantes indigènes du Cachemire, généralement le Chinar, le pavot et la feuille de coriandre. Les techniques d'émaux champlevés multicolores empruntent à l'art du Moyen Age en Europe.
Ces kashkul cachemiris typiques sont des récipients en forme de bateau se terminant par une tête de dragon stylisée, un serpent ou une tête d’oiseau à chaque extrémité. Les têtes sont percées, ce qui permet d’enfiler des anneaux afin que le kashkul puisse être suspendu à une chaîne. Des exemples étaient parfois commandés par de riches mécènes et donnés à des ordres de derviche ou à un saint homme de passage.
La composition esthétique se compose de 3 parties superposées:
*un talon comportant une frise végétale bleu turquoise et ceint de 2 lignes en bordures de laiton doré, encore reprises en ciselure de décors géométriques d'arabesque en pointillé
*la partie médiane du Kashkul de riches entrelacs feuillagés et fleuris en volutes, dorés et repris encore en ciselure, sur fond bleu foncé puissant
*la partie supérieure du corps principal du kashkul, ajourée ou repercée en laiton doré, avec de seules touches d'émail subtiles: les fleurs en pourpre, jaune et 2 bleus, les tiges finement soulignées de blanc. cette partie supérieure est encadrée d'une ligne ornementale médiane en émail turquoise de fleurs répétées et en haut d'une bordure dorée et reprise en ciselures.
Les 2 extrémités zoomorphes, elles aussi en émail cloisonné, tiennent dans leur gueules ouvertes deux magnifiques et grands anneaux en laiton doré, devant servir de lien avec la chaîne qui permettait de porter ces coupes autour du cou. Les têtes finement détaillées se dressent fièrement au-dessus du bord.
"Les kashkuls étaient les bols de mendicité portés par des mendiants ou des derviches ascétiques itinérants. Le mot derviche dérive du mot persan darvish et on pense qu’il est d’origine ancienne, ce qui suggère que ces saints voyageurs étaient là depuis de nombreux siècles. Les derviches se trouvaient principalement en Perse (Iran), en Turquie, dans les Balkans, en Afrique du Nord, en Inde, au Pakistan et en Afghanistan.
Un dessin à l’encre et au crayon du XVIIe siècle de la dynastie persane safavide montre un derviche tenant un dragon kashkul de forme similaire et est inclus dans les photos supplémentaires ci-dessous. Des bols aux formes distinctives, tels que la forme du dragon ou ceux fabriqués à partir de rares coquilles de coco de mer à double lobe, ont permis d’identifier ces mendiants comme des derviches et de les distinguer des mendiants « normaux ». En plus de leurs bols, ils portaient généralement une canne, un bâton, une massue ou une hache et portaient une robe, un manteau et des sandales, se couvrant la tête d’une casquette ou d’un turban. Ils s’habillaient souvent avec de vieux vêtements ou des haillons qui avaient été grossièrement rapiécés et certains ordres drapaient également des peaux d’animaux à motifs distinctifs ou des toisons d’agneau sur leurs épaules
Bien qu’il y ait eu de nombreux ordres différents de derviches variant dans leurs pratiques et la dureté du régime, les principes communs étaient que les adeptes faisaient vœu de pauvreté et voyageaient et mendiaient au nom des autres, jamais pour eux-mêmes. À travers cette vie, ils apprenaient l’humilité et, en embrassant les bonnes œuvres, la prière, la méditation, la pauvreté et parfois la danse, ils essayaient de mener une vie sainte dans la tradition islamique, espérant finalement atteindre un état d’extase religieuse."