- Au cœur de la forêt -
Cette aquarelle de grand format montre un paysage de forêt clairsemé sous la lumière éclatante du soleil de midi. Juste devant l'observateur, un ruisseau traverse le chemin, dont la fraîcheur rafraîchissante est encore accentuée par les ombres environnantes. Au-delà du cours d'eau, le terrain est éclairé. Ici, les plantes proches du sol et alimentées par l'eau sont dans toute leur force végétative, tandis que les troncs d'arbres empilés, décolorés par le soleil intense, ont pris la couleur grisâtre du sol rocheux, contrastant avec le vert du feuillage. Entre le tapis de feuilles vertes à gauche et le tas de bois à droite se trouve l'embouchure d'un chemin légèrement ascendant, voûté comme un tunnel, qui débouche à nouveau sur le soleil lumineux de l'été. Ainsi, le fond bleu clair du ciel éclaire par derrière le passage sombre de la forêt.
La succession d'ombres et de lumières qui mène de l'ombre de l'avant-plan immédiat à la lumière, puis de la lumière à l'ombre et de nouveau à la lumière que l'on devine, confère au tableau une forte dimension narrative, portée par l'atmosphère intemporelle de l'heure de midi. Et pourtant, suivant le panta rhei du ruisseau, le temps s'écoule. Les feuilles de l'arbre fragile qui se trouve à côté de la pile de bois mort ont déjà pris une légère coloration automnale. L'oscillation de l'image entre récit et atmosphère se retrouve également au niveau de la formation artistique : la figuration aux contours nets à la plume s'évanouit dans une atmosphère diffuse grâce au caractère de l'aquarelle. L'image est à la fois lumineuse et mystérieuse.
Avec cette œuvre, Hans Dvorak a créé un paysage de proximité inspiré de la peinture en plein air, dont l'intense pouvoir d'attraction s'enracine dans l'« allégorie naturaliste », telle qu'elle a été fondée par la peinture de paysage du romantisme. Dvorak se situe ainsi à la hauteur de la peinture de paysage traditionnelle, qui a connu son dernier épanouissement à la fin du XIXe siècle et qui se réfère à la création insondable.