- La beauté des fleurs des champs -
Ce tableau de cabinet de petit format représente un bouquet de fleurs et s'inscrit ainsi dans le genre de la nature morte. Mais plutôt que de rivaliser avec l'opulence des bouquets de fleurs souvent luxuriants réalisés en peinture fine - ce dont l'artiste était tout à fait capable, comme il l'illustre dans d'autres œuvres -, Jean-Baptiste Robie présente un bouquet d'herbes et de feuilles comme s'il venait d'être cueilli lors d'une promenade dans une prairie fleurie. Pour souligner cette origine directement issue de la nature devant la maison, une grande feuille est placée derrière le vase, dont les branches, en partie déjà cassées, dépassent de l'autre côté du vase.
Grâce aux nombreuses feuilles et aux couleurs réduites, le vert agit comme un fond intérieur du bouquet, qui s'unit au fond, également dans les tons verts. Les fleurs roses, qui exécutent une chorégraphie, se détachent en particulier sur le vert : tandis que les fleurs inférieures pendent, elles se redressent à vue d'œil vers le haut. Cela illustre la force vitale des plantes. Il est maintenant clair que Robie revisite le sujet de la nature morte florale : il ne s'agit plus pour lui de mettre en valeur la magnifique beauté des fleurs, mais de montrer leur vitalité et d'illustrer ainsi la force vitale intérieure de la nature, dans laquelle se fonde sa beauté. Cette vitalité anime l'ensemble du bouquet : les feuilles sont torsadées de force intérieure et semblent, comme les fleurs, se tendre vers la lumière.
Le jeu de clair-obscur contrasté plonge le bouquet dans un mystère et est basé sur des études en plein air de la nature. La lumière est ainsi traduite en couleur à la manière impressionniste, comme le montre la conception du vase en verre : le verre devient une surface colorée qui capte néanmoins le reflet de la fenêtre et laisse transparaître les tiges des fleurs et des feuilles.
Sur l'artiste
Jean-Baptiste Robie est né à Bruxelles d'un père forgeron. Il se forma d'abord en autodidacte jusqu'à ce que son ami artiste Théodore Fourmois lui conseille de s'inscrire à l'Académie royale des Beaux-Arts pour y terminer ses études artistiques. De 1843 à 1875, Robie exposa au Salon de Bruxelles, mais fut également représenté au Salon de Paris. Il s'est fait connaître grâce aux descriptions de ses voyages, qui l'ont mené jusqu'en Inde.