Vaches
Huile sur toile, cm 57 x 81
Avec cadre, cm 95 x 122
Né à Turbigo, commune de la province milanaise dans la vallée du Tessin, Carlo Bonomi fréquenta l’Académie de Brera de 1898 à 1904 et prit ensuite part à une série de cours à l’Académie des Beaux-arts de Munich entre 1905 et 1907, où il entra en contact avec les œuvres des maîtres Von Stuck et Lembach et où il connut la "vérité populaire" des peintures de Kathe Kollwitz. Au début du XXe siècle, il y a aussi un séjour de formation de l’artiste à Rome. De retour à Milan après son voyage romain, Bonomi a ouvert dans la capitale lombarde un studio avec Carrà, Castiglioni et Barilli qui est rapidement devenu un point de référence important pour les artistes actifs au début du XXe siècle dans la ville. Volontaire de la première guerre mondiale, il a servi sur les premières lignes à Cadore et sur le Monte Grappa; l’expérience de la guerre a fortement marqué l’imaginaire de l’artiste qui, dans les œuvres des deuxième et troisième décennies du XXe siècle, Il dépeint les tragédies et les souffrances des soldats et des civils en guerre : un exemple crucial de cette tendance est fourni par Les prisonniers de Mauthausen, peinture réalisée entre 1922 et 1923 et présenté pour la première fois à l’exposition descombattants de Monza en 1924 dans lequel l’artiste, en reprenant d’une manière absolument anti-rhétorique un travail comme le martyre des bienheureux franciscains à Nagasaki de Tanzio da Varallo à la Pinacoteca di Brera, exprime parfaitement sa rébellion et son détachement total de la brutalité du conflit. Bonomi s’inspire, surtout dans les premières années de sa longue carrière, des modèles du XIXe siècle des plus célèbres membres du cercle divisionniste lombarde, en premier lieu Gaetano Previati, Giovanni Segantini et Giuseppe Pellizza da Volpedo, Réinterprétés dans une touche sobre et plastique. Un exemple de cette tendance est une peinture comme Sinfonia pastorale : l’opéra, qui prend son origine dans Les deux mères de Segantini de la GAM diMilano, reprend le thème de la mère allaitant l’enfant dans la chaleur des brebis à l’aube. A partir de la seconde moitié des années 10 du XXe siècle, Bonomi se consacre principalement à la sculpture, qui devient, à partir de ce moment, la forme la plus continue de son expression artistique. Ses œuvres sculpturales sont présentes dans différents lieux publics et cimetières ou dans des collections privées, parmi lesquelles on peut citer : le Cimetière Monumental de Milan ou ceux de Busto Arsizio, Gallarate et Turbigo, ainsi que les jardins publics de Novare. Son œuvre plastifiée la plus célèbre est certainement La Mère : ce bronze, réalisé en 1915 et perfectionné entre 1923 et 1948, représente une femme qui serre le petit à elle, dans un échange émotionnel intense. L’œuvre est présentée pour la première fois à l’occasion de la Première Exposition du "Novecento Italiano", tenue à la Permanente de Milan en 1926 et soutenue et animée par Margherita Sarfatti : La même année, la sculpture est exposée à l’exposition de Dresde et est achetée par le gouvernement allemand pour être placée dans le palais des ministères à Berlin. Cette œuvre fait de Bonomi "un sculpteur absolu, dans lequel essence et existence coïncident, le classant ainsi parmi les grands sculpteurs du XXe siècle dont l’intégrité formelle est presque unique et trouve l’équilibre parfait entre peinture et sculpture, avec la même continuité idéale affirmée par Michel-Ange" (V. Sgarbi, Il Novecento, vol. 1, 2018, pp. 158-165). Bonomi est également connu pour son activité d’architecte : on notera les opérations de restauration mises en œuvre sur son projet au Château de Turbigo et le Broletto de Novara.
Dans sa production copieuse, aussi bien picturale que sculpturale, l’artiste ne manque jamais quelques traits qui caractérisent son œuvre : une mélancolie résignée mais pleine de pure émotion, une austérité qui exprime une douleur jugée intime et non théâtrale, une humanité posée, qui avance par velours et fuit les teintes fortes, une religiosité de nature laïque, concentrée sur les valeurs de l’existence humaine.
Dans cette œuvre appartenant probablement à la première saison de la production de l’artiste, l’inspiration aux modèles de Segantini apparaît évidente : Des tableaux comme La vache à l’abreuvoir de la GAM de Milan ou La stanga de la Galerie nationale d’art moderne de Rome constituent un point de départ incontournable pour l’artiste originaire de Turbigo. Par rapport aux œuvres de Segantini, la peinture semble plus dense et plus matérielle; C’est l’artiste lui-même qui a réaffirmé sa nette préférence pour une peinture à forte composante matérielle («Je dis que la peinture me semble plus bonne, plus elle va vers le relief»). Contrairement à la grande majorité des œuvres de Bonomi, les couleurs sont particulièrement vives et la scène, éclairée par une lumière matinale brillante, transmet une atmosphère de calme sérénité.
L’objet est en bon état de conservation