Troupeau de moutons
Huile sur toile, 32 x 63
Avec cadre, cm 51 x 82
Né à Turbigo, dans la vallée du Tessin, Carlo Bonomi fréquente l’Académie de Brera entre le XIXe et le XXe siècle et suit ensuite divers cours à l’Académie des Beaux-arts de Monaco entre 1905 et 1907, En Allemagne, le jeune artiste originaire de la province milanaise, est entré en contact avec les œuvres des maîtres Von Stuck, Lembach et Kollwitz. Au début du XXe siècle, l’artiste séjourne à Rome. De retour à Milan après son voyage romain, Bonomi a ouvert une étude dans la capitale lombarde avec Carrà, Castiglioni et Barilli qui est rapidement devenu un important point de référence culturel. Volontaire de la première guerre mondiale, il a servi dans les premières lignes à Cadore et sur le Monte Grappa; l’expérience de la guerre a fortement marqué l’imaginaire de l’artiste, qui, entre les années 10 et 30, Il dépeint les tragédies et les souffrances des soldats et des civils en guerre : un exemple de cette tendance coïncide avec Les prisonniers de Mauthausen, peinture réalisée entre 1922 et 1923 et présenté pour la première fois à l’expositionLes combattants de Monza de 1924 dans lesquels l’artiste exprime à la perfection sa rébellion et son total distanciation par rapport à la brutalité du conflit. Bonomi s’inspire, surtout dans les premières années de sa longue carrière, des modèles de la fin du XIXe siècle des plus célèbres membres du cercle divisioniste lombarde, en particulier Gaetano Previati, Giovanni Segantini et Giuseppe Pellizza da Volpedo, Réinterprétés dans une touche sobre et plastique. Un exemple de cette tendance est une peinture comme Sinfonia pastorale : l’opéra, qui prend son origine dans Les deux mères de Segantini de la GAM de Milan, reprend le thème de la mère allaitant le bébé parmi la chaleur des moutons à l’aube. A partir de la seconde moitié des années 10 du XXe siècle, Bonomi se consacre principalement à la sculpture, qui devient, à partir de ce moment, la forme la plus continue de son expression artistique. Ses œuvres sculpturales sont présentes dans différents lieux publics et cimetières ou dans des collections privées, parmi lesquelles on peut citer : le Cimetière Monumental de Milan ou ceux de Busto Arsizio, Gallarate et Turbigo, ainsi que les jardins publics de Novare. Son œuvre plastifiée la plus célèbre est certainement La Mère : ce bronze, réalisé en 1915 et perfectionné entre 1923 et 1948, représente une femme qui serre le petit à elle, dans un échange émotionnel intense. L’œuvre est présentée pour la première fois à l’occasion de la Première Exposition du "Novecento Italiano", tenue à la Permanente de Milan en 1926 et soutenue et animée par Margherita Sarfatti : La même année, la sculpture est exposée à l’exposition de Dresde et est achetée par le gouvernement allemand pour être placée dans le palais des ministères à Berlin. Cette œuvre fait de Bonomi "un sculpteur absolu, dans lequel essence et existence coïncident, le classant ainsi parmi les grands sculpteurs du XXe siècle dont l’intégrité formelle est presque unique et trouve l’équilibre parfait entre peinture et sculpture, avec la même continuité idéale affirmée par Michel-Ange" (V. Sgarbi, Il Novecento, vol. 1, 2018, pp. 158-165). Bonomi est également connu pour son activité d’architecte : on notera les opérations de restauration mises en œuvre sur son projet au Château de Turbigo et le Broletto di Novara. Dans les années 20, Bonomi construit à son image et ressemblance, dans son pays natal, son ermitage, La Selvaggia, dont le nom est inspiré par "Sauvage est celui qui se sauve" - célèbre dicton de Leonardo Da Vinci - où il réalise ses propres études de peinture et de sculpture. La structure se présente comme une véritable citadelle en pierre, où sont toujours rassemblées ses œuvres et où, dans la Gipsoteca, centrée sur celle de Possagno del Canova, il est possible d’admirer les plâtres de ses sculptures. Patrimoine artistique reconnu au niveau italien et international, la résidence, conservée et habitée par les successeurs de Bonomi, transmet encore aujourd’hui le message d’un artiste qui n’a jamais pris soin des modes, des courants, mais dont l’inspiration a toujours été l’humanité du peuple, la force de travail, la liberté d’expression.
Cette peinture, aux tons sombres et au coup de pinceau fragmenté, d’inspiration divisionniste, présente une vieille femme conduisant un troupeau de moutons à paître dans un lever de soleil froid et brumeux. Les atmosphères agressives rappellent les passages picturaux de Giovanni Segantini, avec une référence particulière au Troupeau en chemin de 1887. La figure féminine rappelle celle des paysannes de l’après-guerre de l’allemande Käthe Kollwitz.
L’objet est en bon état de conservation