- Coin supérieur droit dûment complété, petite déchirure sur la partie murale à gauche du sujet.
- Méditant sur l'art -
L'homme âgé portraituré est assis dans un atelier sur un socle rappelant les salles d'académie. Les couleurs terreuses et sombres confèrent à la scène une certaine gravité. L'incarnation constitue la valeur chromatique la plus claire, mais elle ne se distingue pas du reste du tableau ; elle y est rattachée. Ainsi, le visage du sujet est à la fois une partie et le point culminant des références chromatiques de l'image. La couleur de la peau se retrouve de manière atténuée dans le revers rose du manteau, tandis que les cheveux gris et blanchâtre correspondent tonalement à la surface du mur à côté du portrait. Cette surface murale presque monochrome s'associe à nouveau, par-dessus le portrait, à l'image encadrée posée à terre, qui semble comme effacée par cette correspondance avec la surface murale vide. Grâce à la palette placée juste derrière la tête du portrait, le rapport à la peinture déjà établi par l'espace de l'atelier est explicitement lié au sujet, qui semble ainsi réfléchir au sens de l'art. Cela soulève la question de savoir si Faber Du Faur, isolé dans sa vieillesse, n'aurait pas fait son autoportrait à la fin de sa vie. Outre la situation d'atelier, la référence explicite du sujet à la palette et le fait que le tableau se trouvait dans sa succession, la seule élaboration sommaire du corps plaide en faveur d'un autoportrait, tandis que la représentation du visage se concrétise avec les yeux grands ouverts, topiques pour un autoportrait. Cette condensation dans le visage renforce l'impression d'une introspection mélancolique de l'artiste, derrière la palette, qui se réfère au sens de la peinture, et dont le trait sombre est encore renforcé par le fait que la palette suspendue à droite du tableau est recouverte de ces tons clairs si caractéristiques de Faber Du Faur. Dans le sillage de cette résignation, Faber du Faur conseille à son fils Hans, devenu lui aussi peintre : « Promets-moi seulement une chose, ne va jamais vivre à Munich, ils te tueront ici ! » Quelle que soit l'identité réelle de la personne représentée, ce portrait est une introspection résignée de Faber Du Faur, focalisée sur l'art, grâce aux références à la peinture qui sont mises en évidence.
Sur l'artiste
Après l'école, Otto Faber du Faur s'engagea dans l'armée du Wurtemberg et cultiva parallèlement son talent artistique. En 1851, sur recommandation de son père Christian Wilhelm, qui était lui-même peintre de batailles, il effectua son apprentissage pendant six mois à Munich auprès d'Alexander von Kotzebue. En 1852, il fut mis en congé de l'armée pour une année entière afin de se perfectionner dans la peinture de batailles à Paris, dans l'atelier d'Adolphe Yvon, grâce à une bourse de la maison royale de Wurtemberg. À Paris, il fut inspiré par la peinture de Théodore Géricault et d'Eugène Delacroix. Lors de ses autres voyages d'études à Paris, Faber Du Faur se familiarisa également avec l'art de Gustave Courbet, Théodore Rousseau et Adolphe Monticelli. En 1867, il prit sa retraite de l'armée pour se consacrer entièrement à l'art. En 1869, il devint l'élève de Karl von Piloty à l'Académie de Munich, l'un des peintres d'histoire les plus innovants de son époque.
Dans les années 1770, Faber Du Faur réalisa plusieurs tableaux de grand format à la demande de la maison royale du Wurtemberg, ce qui lui valut la réputation d'être un important peintre de batailles allemand. Le grand succès de son panorama Le Siège de Paris, présenté lors de l'Exposition universelle de Paris en 1878, entraîna la réalisation d'un grand nombre de panoramas qui furent peu à peu peints et exposés dans les grandes villes les plus diverses. En 1880, Faber Du Faur entreprit un voyage d'étude à Tunis, puis, en 1883, six mois au Maroc, ce qui entraîna un net éclaircissement de sa palette et un traitement plus expressif de la couleur. Ce changement est une évolution qu'il a continué à promouvoir lors de ses voyages en Espagne, mais qui a fait de lui un marginal : il est mort à Munich en 1901 sans avoir été remarqué. La qualité de son art n'a été redécouverte qu'à titre posthume : en 1903, quatre de ses œuvres ont été présentées à la Biennale de Venise et, comme point d'orgue provisoire, une grande exposition monographique a été organisée en 1927 à la Nationalgalerie de Berlin, où 160 de ses tableaux ont été exposés.
La correspondance avec son ami peintre Carl von Häberlin, qui donne un aperçu de son œuvre, est conservée à la Württembergische Landesbibliothek de Stuttgart.
Sélection de collections publiques possédant des œuvres d'Otto von Faber du Faur:
Bayerisches Armeemuseum Ingolstadt, Kunstmuseum Stuttgart, Galleria d'Arte Moderna Triest, Lenbachhaus München, Nationalgalerie Berlin, Neue Pinakothek München, Staatsgalerie Regensburg, Staatsgalerie Stuttgart.