- un peu taché et avec de légères traces de pliage.
- La caractéristique de l'imperceptible -
Comme son proche ami et mentor Adolph von Menzel, Paul Meyerheim, plus jeune d'une génération, était un observateur précis et tout aussi plein d'humour du quotidien. Tous deux retenaient souvent des choses apparemment tout à fait secondaires qui, une fois mises en image par l'artiste, développaient pourtant leurs caractéristiques pour la société et l'humanité en général. Le réalisme initié à Berlin par Daniel Nikolaus Chodowiecki, qui consiste à observer et à faire ressortir les caractéristiques du quotidien, est poursuivi par Menzel de manière tout à fait excessive. Meyerheim l'a également pratiqué.
Cette feuille est un exemple parfait de l'observation de ce genre d'activités quotidiennes. Nous voyons une dame qui visse un bouton décoratif au sommet d'un parasol. Bien que le corps soit sculpté de manière réaliste et situé dans la lumière du soleil grâce à un savant travail d'ombre et de lumière, la tête et le bas du corps ne sont pas représentés. Cette focalisation sur l'action présentée a pour conséquence d'acquérir une certaine autonomie par l'omission de la seule tête suggérée. L'action n'est pas caractéristique d'une personne en particulier, mais sera exécutée de la même manière par toute dame ayant un parapluie présentant le même problème. La méthode de représentation transforme donc déjà la particularité caractéristique en quelque chose de général.
Si nous voyons l'action exécutée devant le torse de la dame, Meyerheim a représenté devant ce décor uniquement l'action en tant que telle. Grâce à ce zoom, les mains en action semblent flotter devant les yeux du spectateur. Elles donnent l'impression d'effectuer une sorte de magie, où les doigts d'une main manipulent élégamment la boule du pommeau. Cette action secondaire, totalement utilitaire, révèle donc l'élégance et l'habileté des dames, et le besoin humain de se protéger du soleil avec le parapluie qui fait de l'ombre.
Sur l'artiste
Il partageait également avec Menzel une préférence pour les représentations animales. De leurs études communes au zoo de Berlin sont nées, outre de nombreuses représentations d'animaux, les peintures murales de Meyerheim pour la maison des antilopes. Grâce à sa maîtrise virtuose de la peinture animalière, il fut nommé professeur à l'Académie de Berlin en 1883 et se vit confier la direction de la classe de peinture animalière.
Dès 1880, Meidheim était si demandé pour ses portraits qu'il réalisa un portrait grandeur nature de l'empereur Guillaume I^(er) pour la salle de réunion du Reichstag allemand. Fort de ce succès, il se fit construire par Alfred Messel, le constructeur du grand magasin Wertheim sur la Leipziger Platz, sa propre maison dans la Hildbrandstraße, où il s'installa en 1893 après un long voyage d'études en Orient. La maison Meyerheim devint une institution sociale, organisant des réceptions et des fêtes régulières.
Paul Meyerheim est issu d'une famille d'artistes. Son père, Friedrich Eduard Meyerheim, est peintre, tout comme ses oncles Hermann et Wilhelm, tandis que sa mère, Caroline Friederike, est la sœur du sculpteur Friedrich Drake.
Après un premier enseignement artistique de la part de son père, Paul Meyerheim étudie de 1857 à 1860 à l'Académie des Arts de Berlin, où le peintre animalier Teutwart Schmitson le marque fortement. À tout juste 18 ans, Meyerheim commença à présenter des œuvres à la Grande Exposition d'art de Berlin en 1860, ce qui lui valut une reconnaissance en tant qu'artiste. L'obtention de la médaille d'or pour son œuvre Ménagerie au Salon de Paris de 1866 lui permit également de percer sur la scène internationale.
Après des voyages d'études en Suisse, en Belgique et en Hollande, Meyerheim séjourna un an à Paris en 1865-1866 pour étudier notamment le nouvel art réaliste de Gustave Courbet et la peinture de paysage de l'école de Barbizon, réalisée en pleine nature. Il se consacra ensuite principalement à la peinture de paysage et se rendit à plusieurs reprises dans les Alpes, où l'accompagnait son ami proche Adolph Menzel.
Meyerheim était également très demandé en tant qu'illustrateur de livres. Il a notamment conçu un abécédaire pour enfants paru en 1880 et a illustré les contes de Grimm en 1884. Il était prédestiné à l'illustration des premiers volumes de la vie animale de Brehm.
Il convient également de souligner le cycle de sept peintures sur cuivre intitulé Lebensgeschichte der Lokomotive, réalisé entre 1873 et 1876 à la demande d'Albert Borsig, qui fait partie des premières œuvres de la peinture industrielle.
Les principaux élèves de Paul Meyerheim furent August Gaul et Wilhelm Kuhnert, qui firent entrer la représentation artistique des animaux dans l'ère moderne.