- légèrement assombri et fixé au passe-partout.
- La cible en ligne de mire -
Ce « portrait-rouleau » théâtral s'inscrit dans le contexte de la vénération de Rembrandt qui culmine à la fin du XIXe siècle. Le soldat semble tout droit sorti de la Ronde de nuit (1642) de Rembrandt pour fixer quelque chose en dehors du tableau, le regard éveillé et prêt à l'action. Le bord du morion, qui se rétrécit fortement vers le haut, confère au regard un cadre, ce qui permet de mettre en perspective le regard en tant qu'« action picturale » proprement dite. Le regard représente à la fois la défense vigilante et l'objectif visionnaire du combat.
Ce n'est pas seulement le motif, mais aussi le ductus de l'aiguille à gravure qui est issu de la conception de Rembrandt de l'époque. Un trait libre et virtuose crée de forts contrastes de clair-obscur, sans pour autant perdre l'effet des reflets sur le casque et dans les yeux. On retrouve là une parenté avec les premières gravures de Lovis Corinth qui, en tant qu'artiste, se voit également dans le rôle du chevalier. Dans ce contexte, le tableau de Haberl doit également être considéré comme une représentation de son identité artistique.
Sur l'artiste
Heinrich Haberl a d'abord fréquenté l'école d'art de Nuremberg avant d'étudier à l'Académie de Munich à partir de 1892. Il y fut l'élève de Johann Leonhard von Raab, Rudolf von Seitz, Franz von Defregger et Peter von Halm. Installé dès lors à Munich, il fournit à partir de 1897 le Glaspalast de Munich en gravures et est représenté à la Große Berliner Kunstausstellung, à la Dresdner Kunstausstellung et à la Leipziger Buchgewerbeausstellung. Entre 1902 et 1904, il a été l'illustrateur du magazine « Jugend ».