Format de la peinture seule hors cadre 60x72cm
Il s'agit effectivement d'une magnifique composition post-impressionniste d'Eugène Alluaud qui réalise ici une vue mytique des ruines de Crozant dans la vallée de la Creuse lors d'une gelée blanche en hiver; à cette période, vers 1925, l'artiste emploie une touche puissante et vigoureuse, son style très impressionniste quelques années auparavant se dirige petit à petit vers l'art de Cézanne. Son cadrage est lui emblématique de l'école de Crozant, avec au premier plan à droite, un arbre dénudé et de la végétation, ensuite une vue plongeante sur la vallée, puis des plans susséssifs avec au loin les ruines qui se détachent sur la crête. Du très très bel Alluaud de sa période de maturité, digne des 4 meilleurs peintres de l'école dont il fait incontestablement parti avec Guillaumin, Detroy et Madeline.
Je ne présente plus Eugène Alluaud donc peintre emblématique et surtout fédérateur de l'école de Crozant, il figure aujourd'hui parmi les 5 peintres les plus côtés de cette école aux côtés de ses amis: Guillaumin (son maître), Detroy ( son fidèle ami), Madeline et Alfred Smith ( liens familiaux).
Eugène Gilbert Alluaud naît le 25 mars 1866 à Ribagnac (commune de Saint-Martin-Terressus) dans une famille de porcelainiers et d'amateurs d'art. Son arrière grand père François Alluaud (1739-1799) est ingénieur géographe du roi et porcelainier, son grand-père François Alluaud (1778-1866) développe les affaires familiales, son père Amédée (1826-1871) sera l'un des grands animateurs de la vie culturelle limousine sous le Second Empire proche de Corot, son frère Charles Alluaud (1861-1949) se fait connaître comme entomologiste de renom.
Son père Amédée, amateur d'art éclairé et collectionneur, reçoit Corot à plusieurs reprises dans son château de Ribagnac. Ami intime d'Adrien Dubouché, il soutient les peintres de Crozant. À sa mort, son ami et peintre Charles Donzel prodigue au jeune Eugène des conseils en matière picturale.
Alluaud effectue des études de lettres au collège de Jésuites de Vaugirard puis de sciences au lycée Condorcet. Il accomplit son service militaire comme engagé conditionnel d'un an en 1885-1886. C'est à cette occasion qu'il se lie d'amitié avec le peintre Jules Adler.
De 1886 à 1889, il est élève à l'Académie Julian, dans l'atelier de Bouguereau et dans celui de Robert-Fleury, et voyage à travers l'Europe (Angleterre, Belgique et Italie) et l'Afrique du Nord (Algérie et Tunisie).
Son expérience picturale majeure, c'est à Crozant qu'il la doit. Après une première découverte en 1887, il y retourne longuement en 1891. Avec sa femme Marcelle, il y fait construire la maison «La Roca», où ils s'installent chaque été à partir de 1905. Il réunit autour de sa table leurs amis artistes. Ensemble ils peignent les paysages de la vallée de la Creuse et se divertissent dans une atmosphère joyeuse.
Deux noms émergent de ce réseau d'amitiés: Maurice Rollinat (1846-1903), le poète de Fresselines, et Armand Guillaumin (1841-1927), cofondateur du groupe des impressionnistes, qui l'initie à la lumière et à la couleur . Sa peinture subit donc fortement l'impressionnisme «avant de parvenir à s'en dégager dans les années 1920, par un style plus constructif et synthétique inspiré de Cézanne».
Il expose régulièrement dans des galeries, à Limoges chez Dalpayrat et à Paris chez Durand-Ruel et Drouant. Il participe régulièrement au Salon des indépendants et au Salon d'automne . Lors de l'Exposition universelle de 1900, il décore le «Palais de la Danse» et le pavillon-restaurant des Grandes Marques. Président du jury de la Section peinture au Salon d'Automne en 1928, il reçoit lui-même le grand prix à l'Exposition française du Caire en 1929.
Il sera enfin un grand dessinateur de croquis de guerre, ainsi que céramiste.
Cette huile/carton est en très bon état d'origine, aucune restauration, nettoyée récemment, livrée dans une baguette dorée moderne.
Oeuvre garantie authentique