Jules Péaron fut d'abord facteur rural puis obtint une bourse de sa ville natale pour étudier le dessin. A Paris , il entre à l'Ecole des Beaux-Arts , il est élève de L.Cogniet et de J.Quentin. En 1867, il expose au Salon" Le Labour" inspiré des romans de Georges Sand. Il fut collaborateur de nombreux journaux illustrés et ecrivit un traité de dessin. J. du Pontaulais lui a consacré plusieurs pages dans ses Choses diverses sur le Pays de la Châtre. Victor Hugo appréciait le talent de ce personnage étrange et visionnaire .
Verlaine s'intéressa à la curieuse "méthode du hasard" de Péaron.Les deux artistes furent liés.
En 1867 Péaron réalisa un Portrait-charge de Verlaine inspiré des Poèmes saturniens .Le poète y figure de face, cheveux au vent, mais avec un corps de squelette ; il est debout sur le squelette d'un cheval au galop. La scène se déroule dans une arène, sous une nuit étoilée – la lumière ne venant pas de la Lune, mais de Saturne.
Il fit un nouveau portrait du poète en 1869. Péaron, bohème impénitent, mourut à 46 ans.
Cette oeuvre étrange et rare de Péaron fait clairement écho à la mélancolie et la solitude qui se dégage des poèmes saturniens de Verlaine publiés en 1866, une atmosphère presque inquiétante que l'on retrouve notamment dans "Promenade sentimentale" où il exprime sa vision d'un paysage crépusculaire et ses sentiments d'isolement et d'angoisse face à la vie.
.Péaron utilise ici sa méthode "du hasard" ( que l'on pourrait rapprocher de l'écriture automatique) qui captiva tant Verlaine .
C'est à ce même hasard que se remet Verlaine à la fin du prologue des poèmes saturniens : "Maintenant, va, mon Livre, où le hasard te mène !"