Qualité musée.
Une exceptionnelle collaboration, pour une exceptionnelle et rare commode en marqueterie d’amarante, bois de rose et bois de violette, ornementation de bronze ciselé et doré au C Couronné, dessus de marbre gris veiné, la façade ouvrant par deux tiroirs sans traverse à décor géométrique dans une réserve, reposant sur des pieds galbés.
Notre commode est à rapprocher des commodes de Gilles Joubert ébéniste du Roi (Vente Christie’s du 19 décembre 2007) et présente l’estampille de de Roger Vandercruse dit Lacroix dit RVLC, ainsi que plusieurs poinçons de la Jurande des Menuisiers Ébénistes JME sur le montant avant gauche.
Dimensions : Hauteur 88,5 cm - Longueur 126,5 cm - Profondeur 66 cm.
En très bon état de conservation. Notre commode a été restaurée et vient de recevoir un beau vernis au tampon.
Biographies :
1° - Gilles Joubert (1689-1775)
Gilles Joubert aurait passé sa maîtrise dans les années 1715-1720.
Il commence à travailler pour le roi en 1748. À partir de 1758, le maître devient ébéniste ordinaire du Garde-meuble de la Couronne dont il n'avait été jusqu'alors qu'un fournisseur occasionnel.
Au début de l'année 1763, Gilles Joubert obtient le titre d'ébéniste du Roi, succédant à Jean-François Oeben. Il devient également doyen de sa corporation.
Entre 1748 et 1774, il livra près de 4 000 pièces de mobilier à la Couronne. Jean-Henri Riesner lui succède en 1774.
D'abord occasionnelles, les commandes de la Couronne deviennent de plus en plus nombreuses et la notoriété de Joubert croît de jours en jours. En 1755 il est choisi pour réaliser deux somptueuses encoignures destinées à accompagner le magnifique médailler qu'Antoine-Robert Gaudreaus livre en 1739 au cabinet du Roi à Versailles.
Ces pièces sont ainsi décrites dans le Journal du Garde-meuble :
16 mai 1755. - Livré par le sieur JOUBERT, ébéniste : deux armoires en encoignures de bois violet à placages en mosaïque à dessus de marbre griotte d’Italie, avec venteau par devant fermant à clef, orné de cartouches, trophées de médailles, guirlandes de fleurs et bas-reliefs, représentent l'un la Poésie et la Musique, et l'autre la sculpture et la Peinture, sur camaïeux façon de lapis ; le tout de bronze ciselé et doré d'or moulu"
À partir de 1758, le maître devient "ébéniste ordinaire du Garde-meuble de la Couronne" dont il n'avait été jusqu'alors qu'un fournisseur occasionnel, et au début de l'année 1763, Gilles Joubert obtient le titre d'ébéniste du Roi, auquel il peut bientôt adjoindre celui de doyen de sa corporation.
Les commandes pour les Maisons Royales ne tarissant pas, Joubert est alors obligé de sous-traiter. C'est pourquoi, bon nombre d'œuvres livrées par lui, toujours d'après le Journal du Garde-Meuble, ne portent pas son estampille mais celles de ses confrères qui travaillèrent sous sa direction. Joubert est un pur représentant du style Louis XV, mais il sait évoluer avec son temps.
On retrouve des pièces de style Transition avec des décors néo classiques. Toutefois il s'exprime plus difficilement dans le style Louis XVI.
Joubert n'a signé qu'une infime partie de ses réalisations. L'usage de l'estampille n'étant pas encore rendu obligatoire pendant la plus grande partie de sa vie professionnelle, et en en étant dispensé après, en tant qu'ébéniste du Roi, il est très difficile de reconstituer la fructueuse et brillante carrière de Joubert. Seul, le journal du Garde-Meuble conservé aux Archives Nationales, permet de connaître l'importance de ses travaux.
Il était déjà à un âge avancé lorsque l'emploi des marques se généralisa dans sa communauté et il ne montra guère d'empressement pour se plier à la règle qui les rendaient obligatoires.
Il se retira des affaires à l'âge de quatre-vingt-cinq ans peu avant sa mort en 1775.
Musées :
Encoignures, Commode - Chateau de Versailles.
Commode - J. Paul Getty Museum.
Bibliographie :
Le Mobilier Français du XVIIIe Siècle - Pierre Kjellberg - Les Éditions de l'Amateur - 2002.
Alexandre Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1989, Éd. Le Chêne.
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934.
2° - Roger Vandercruse dit Lacroix dit RVLC (1728 - 19 mai 1799)
Roger Vandercruse selon le patronyme flamand de son père, son estampille était ses initiales RVLC R(oger) V(van) L(a) C(roix).
Selon Salverte il compta parmi les grands ébénistes de sa génération.
Roger Vandercruse est un ébéniste célèbre de la noblesse parisienne qui fournit le duc d’Orléans, Madame du Barry, les rois Louis XV et Louis XVI, ainsi que la cour en général.
Reçu maître en 1755, Roger Vandercruse fut l'un des grands représentants du style Transition. Ses meubles, très décorés par des marqueteries avaient plus souvent une finalité décorative qu'utilitaire.
Ses petites tables étaient célèbres avec leur marqueterie et leurs bronzes à l'antique, des éléments influencés par Jean-François Oeben 1721-1763), ébéniste du Roy et premier époux de sa sœur, Françoise-Marguerite, le second époux étant un autre célèbre ébéniste Jean-Henri Riesener.
Œuvres dans les collections publiques :
Aux États Unis.
New York, Frick Collection : Commode ornée de marqueterie à motifs en chêne et acajou avec plateau de marbre sarancolin de Gilles Joubert et Roger Vandercruse, exécutée en 1769 pour Mademoiselle Victoire, quatrième fille de Louis XV.
En France.
Paris, musée Nissim de Camondo.
Versailles, Château de Versailles : un grand nombre de ses œuvres y sont conservées.
Bibliographie :
Clarisse Roinet, Roger Vandercruse dit Lacroix, Les cahiers du mobilier, Édition Perrin & Fils, Paris 2000
La Jurande des Menuisiers Ébénistes :
Le 20 août 1751 le parlement vote la constitution de la Jurande : “La cour ordonne que lesdites lettres patentes soient enregistrées, conformément néanmoins aux charges, clauses et conditions portées par lesdits arrêts de la Cour des 12 juillet 1745, 20 janvier 1749 et 21 mai 1751..."
La Jurande est la communauté des Menuisiers Ébénistes : JME.
Elle est composée d'un principal ou syndic et de six jurés. Le rôle de la jurande consistait à régler les affaires courantes, choisir et vérifier les chefs-d'œuvre de maîtrise, surveiller la qualité de fabrication des ateliers parisiens et pourchasser les ouvriers libres. Les statuts de la jurande ont été établis en 1743 et enregistrés au parlement en 1751. A partir de cette date, il y a séparation entre le menuisier et le sculpteur. Ce dernier retrouve toutes ces prérogatives.
A partir de 1743, les jurés faisaient quatre fois par an le tour de tous les ateliers et appliquaient le poinçon de la jurande sur les ouvrages correspondants aux critères qu'ils avaient définis. Ils percevaient une taxe de 10 sols et confisquaient la marchandise défectueuse. La marque était déposée au bureau de la jurande sur une masse de plomb à Paris. En province, cela ne concerne que des gros centres de fabrications, Lyon par exemple, avec règlements locaux. Les tapissiers qui se fournissaient chez des ouvriers libres frappaient avec de fausses estampilles. La contrefaçon était sanctionnée par des amendes et des poursuites pénales.