Rare bureau de changeur très richement décoré en placage de bois de violette et bois d'olivier marqueté en bois de bout dans des encadrements à filets de laiton. Il ouvre à un abattant découvrant deux tiroirs. En façade, quatre tiroirs et un portillon pour ranger un coffre. Il repose sur huit pieds en gaine réunis par une entretoise en H.
Vernis au tampon
Dimentions fermé : H 81,5 L 85,5 P 50,5 cm
Epoque Louis XIV Fin XVII éme
Du changeur au banquier
De tout temps, la fonction de banquier était de négocier le change des monnaies né des échanges des produits entre marchands. Le banquier, commerçant de l'argent, exerçait ce métier derrière un comptoir appelé banco en italien, d'où l'origine de son nom. Ce comptoir était transporté de la boutique de ville à l’étale sur les marchés, ce qui explique la taille toujours réduite de ce meuble de métier.
Installés dans presque toutes les villes de France, les changeurs étaient indispensables au bon fonctionnement des échanges commerciaux, ayant même leur emplacement déterminé dans la capitale, sur le Grand Pont ou Pont au Change. Un seul exerçant à Paris en 1609, la confrérie cessa d’exister, et les banquiers leur succédèrent, sans pour autant abandonner le mobilier indispensable à l’exercice de leur profession la table pour les plus modestes ou un véritable bureau de changeur pour les plus riches.
Quand un changeur ou un banquier faisait faillite, perdait tout ou partie de l’argent de ses clients et associés, on cassait symboliquement le banc où se traitaient ses affaires. Et c’est de ce banc cassé, « banca rotta » en italien, vite contracté en bancarotta, que nous vient le nom banqueroute.
Les tables de changeurs présentent un plateau coulissant ou pivotant ainsi que des tiroirs et compartiments intérieurs pour effectuer les échanges de monnaies hors de portée de la vue des clients.
Meuble de commerce, la table de changeur connut de multiples modifications liées à celles du métier qu’elle servait tout en suivant les évolutions stylistiques et artistiques. C’est ainsi qu’au XVIIème siècle, l’évolution du métier de changeur vers celui de banquier, alliée au goût de l’époque virent ces table-bureaux devenir plus raffinées à la demande de la clientèle. Meuble utilitaire par excellence, il est rare que ce mobilier porte l’estampille d’un maître, bien que plusieurs d’entre eux sont répertoriés au XVIIIème pour avoir réalisé de tels ouvrages.