Japon, Vase aux chevaux, Somayaki, vers 1830.
Ce rare vase balustre à deux anses de la dernière partie de la période Edo, est une œuvre typique de la céramique Ōbori Sōma. Sa surface présente un décor peint à la main, mettant en scène deux chevaux, représentés en hidari-uma, c’est-à-dire orientés vers la gauche, symbole d’exception et de bon augure dont on pourrait traduire le sens par « ne pas avoir d’égal »
Les chevaux sont peints d’une façon très fluide, l’un en blanc, l’autre en brun et sont représentés statiques dans un style caractéristique du style Kanō, qui marie tradition picturale et fluidité.
La glaçure du haut du vase, d’une teinte légèrement verdâtre, témoigne de l’utilisation de la technique de glaçure céladon, également caractéristique de cette production. Le dos du vase présente des volutes stylisées.
Le corps de ce vase en grès révèle également une maîtrise artisanale du tournage.
Ōbori Sōma Ware tire ses origines de la fin du 17e siècle, dans la région actuelle de Namie, Fukushima connue pour ses chevaux. En 1690, Hangai Kyūkan, vassal du clan Nakamura, découvrit des argiles adaptées à Ōbori et ordonna à son serviteur Sama de fabriquer des ustensiles en céramique pour un usage quotidien. Ainsi débuta la tradition de cette poterie, initialement appelée simplement Sōma Ware. Les céramiques de cette époque étaient avant tout fonctionnelles, mais l’introduction de motifs, notamment ceux liés au cheval, remonte au début du 19ème siècle, grâce à Hantani Takisaburō. Ce dernier se spécialisa dans les peintures sur céramique, popularisant les dessins de chevaux, qui reflètent les traditions équestres de la famille Sōma. La plupart du temps, chaque céramique est ornée d’un simple cheval galopant appliqué encore de nos jours. Le motif de double cheval stationnaire, comme sur ce vase est très rare et correspond au début de la production de décor de chevaux.
Pendant l’époque Edo, ces pièces étaient très prisées pour leur qualité et leur symbolisme. La poterie était également marquée par le soutien des seigneurs locaux, qui autorisèrent l’utilisation de leur blason, représentant un cheval, renforçant la notoriété de ces créations. Cependant, à l’ère Meiji, avec l’industrialisation et la concurrence des productions de masse, cette tradition faillit disparaître avant de connaître une renaissance après la Seconde Guerre mondiale.
32x19x15cm