Atelier de Corneille de LA HAYE, dit Corneille de LYON (La Haye, vers 1500 - Lyon, 1575)
Ecole Française du XVIème siècle
Huile sur panneau de chêne h. 15,5 cm, l. 12,5 cm
Important cadre-tabernacle en bois mouluré, décor peint en or sur fond noir, aux colonnes en marbre et plaques de marbre enchassées,
Venise, XVIème siècle
Encadré : h. 41 cm, l. 26 cm
Se détachant sur un fond vert olive typique de l’artiste, notre modèle portraituré en buste est vêtu d’un manteau au large col de fourrure, le col de sa chemise blanche est à peine visible. La tête légèrement tournée à droite, les yeux au regard pensif et un brin mélancolique animent le visage à l’expression grave, souligné par une barbe châtain aux reflets roux.
D’une remarquable finesse, les coups de pinceaux précis font penser à un travail de miniaturiste tellement certains détails sont traités méticuleusement tels que les sourcils, la barbe, les cheveux et la fourrure.
Malgré que l’identité de notre modèle demeure inconnue, la barrette noire indique son appartenance à la magistrature ou à un corps ecclésiastique.
L’absence de plumet, de tissus colorés, de broderies d’or ou de taillades – éléments vestimentaires réservés à la noblesse – confirme également que le modèle n’est pas un membre de la cour.
Notre œuvre est une version d’atelier avec des variantes d’un portrait d’homme par Corneille de Lyon conservé au Palazzo Bianco à Gênes. Sur notre portrait le col est en fourrure et pas en tissus.
Œuvre en rapport : portrait d’homme inconnu, 16x12 cm, Gênes, Palazzo Bianco, Inv. PB213 (publié chez Dubois de Groër, Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon (1500/1510 - 1575), Paris, 1996 (sous le n. 34)
Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon (1500/1510 - 1575)
Considéré avec François Clouet (1520-1572) comme le plus grand portraitiste français du milieu du XVIe siècle, Corneille de La Haye, d'origine hollandaise, est mentionné pour la première fois à Lyon en 1533 comme peintre de la reine Eléonore d'Autriche. Malgré cette fonction, le peintre demeure à Lyon, ne suivant pas la Cour à Paris ou dans ses déplacements. Pleinement intégré à la société locale, il épouse dès avant 1547 Marguerite Fradin, fille d’un imprimeur spécialisé dans l’édition d’ouvrages juridiques et personnage important de la cité. Son mariage lui donne accès à toute la bourgeoisie lyonnaise comme en témoignent les nombreux portraits qu'il réalise des magistrats et riches marchands de la ville. Dans un style sobre et novateur qui focalise toute l'attention sur le visage du modèle et le haut du corps, laissant toujours l'arrière-plan uniforme, très souvent vert, Corneille de Lyon se spécialise dans la production de portraits de petites dimensions associant à la tradition des portraits français, le naturalisme du nord, inspiré sans doute par Lucas de Leyde (1494-1533).
A la tête d’un atelier florissant, l’originalité de Corneille de Lyon en regard des autres portraitistes de la Renaissance ressort très clairement. Pour ses portraits, sur fond le plus souvent vert, il pratique l’exécution directe. Le parti-pris de réaliser de petits formats lui impose de ne représenter que la tête et le buste. On ne connait aucun dessin de lui, ce qui laisse supposer qu’il peint directement sur le support, technique rare à l’époque, qui prouve un grand savoir-faire. Travaillant principalement à l’huile sur support de bois, il peint très légèrement les zones de carnations alors que ses arrière-plans sont plus intenses. Il porte aussi une attention particulière aux détails de la parure personnelle de ses commanditaires, tout en se montrant très précis dans la composition des pilosités, cheveux, barbes, qu’il trace quelquefois presque poil à poil. Ses effigies se caractérisent donc par leur élégance, une politesse aristocratique en même temps qu’un réalisme bienveillant et qu’un sens aigu de l’observation dans les costumes, broderies, coiffes ou bijoux détaillés ‘‘à la flamande’’.
Corneilles de Lyon et son atelier ont réalisé un nombre considérable de portraits, certaines versions ont été répliquées plusieurs fois, surtout pour des membres de la cour de France. Il est fort probable que Corneille de Lyon produisait au moins deux versions autographes, une présentée au client et l’autre conservée pour servir de modèle pour des commandes de répliques.