Crucifixion avec les saints
Huile sur toile, cm 76 x 60
Avec cadre cm 95 x 79
Fiche critique Professeur Giuseppe Sava
La crucifixion décrite ici appartient à l’école lombarde du XVIIe siècle. Sur un fond marqué par des tons froids et un paysage sombre et orageux, on aperçoit les bâtiments d’une ville qu’il faut identifier avec Jérusalem. À droite, une cinquième montagne dépouillée aux tons terreux recouvre le reste de la vue urbaine, attirant ainsi le regard au premier plan où, au pied de la croix, Madeleine et un saint guerrier, en armure et vêtements du XVIIe siècle, sont agenouillés. Si le premier regarde Jésus en pleurant et en se languissant, le second montre l’extrême sacrifice avec la main et tourne son regard vers le spectateur. Ce dernier, tenant le palmier du martyre et portant un large manteau cramoisi, typique des saints guerriers, révèle son identité grâce à la masse en fer posée sur la roche, à sa droite. Le détail iconographique permet de reconnaître Saint Defendente, militaire romain qui a vécu à Thèbes au IIIe siècle et martyrisé sous l’empereur Maximien. Le nom à prononcer pour la petite Crucifixion est celui de Francesco Zucco, peintre auquel le comte Francesco Maria Tassi (1793) a réservé une biographie complète. Né à Bergame vers 1570 (l’année exacte n’est pas encore documentée), bientôt enclin"à l’étude de la peinture", il a été "envoyé par le Père à Crémone dans l’école célèbre des Champs". La paternité de l’œuvre peut être déduite à partir de l’habitude d’immortaliser les figures agenouillées sur un bloc de pierre, comme dans ce cas et comme dans le retable de Saint Pancrazio à Carobbio degli Angeli, datée de 1608, dans laquelle la Vierge à l’Enfant est vénérée par saint Bernard et sainte Catherine de Sienne. Les touches de lumière frappent également certains endroits du paysage et permettent de mieux distinguer le profil des bâtiments. Les relations avec Giovan Battista Moroni et l’école bergamasque sont bien évidentes, même si la lecture naturaliste cède le pas à une figure presque héraldique de la peinture, de sorte que les figures, plutôt bleues et sans vie, touchent une consistance quasi irréelle : est le résultat de l’entrelacement de la culture de l’image post-tridentine, purgée et rigoriste, avec les instances de la dernière saison du maniérisme, celle de matrice crémonaise. En ce sens, on peut citer les premiers maîtres du Zucco : les frères Campi, en particulier Giulio, dans la Crucifixion de Santa Maria della Passione se trouve Madeleine embrassée par la croix et les forts contrastes clair-obscur. Francesco Zucco a réalisé une version plus grande pour l’église de San Lorenzo à Bergame. La même approche est retrouvée dans le tableau du même sujet de Giovan Paolo Cavagna, conservé à la Pinacothèque Tosio Martinengo de Brescia. Pour la périodisation, nous devons placer l’œuvre entre la deuxième et la troisième décennie du XVIIe siècle, au moment de la pleine maturité pour l’artiste bergamasque.