Cette scène s’inspire du roman Les Travailleurs de la mer de Victor Hugo, publié en 1866 lors de l'exil de l’écrivain à Guernesey.
Dans le livre, Hugo décrit ainsi le moment où Gilliatt lutte contre la créature marine :
« Gilliatt avait plongé son bras dans l’obscurité. Tout à coup, il sentit une prise. Quelque chose de mince, d'âpre, de plat, de glacé, de visqueux et vivant s’était enroulé autour de son bras. La bête l’avait saisi… Gilliatt se redressa, l’angoisse, au paroxysme, était muette » (V.H.).
Carlier capture ici le début du drame, puisant son inspiration dans le Laocoon antique, notamment dans la posture du prêtre troyen et son torse puissamment déployé. Avec ses muscles tendus dans l’effort et ses membres tendus, le héros lutte pour se libérer de l’étreinte de l'animal, remplaçant le serpent mythologique par la pieuvre. La composition tourbillonnante et la musculature athlétique du personnage permettent d'apprécier la remarquable étude anatomique du sculpteur.
Le premier plâtre de cette œuvre fut présenté au Salon de 1879. L’État en fit immédiatement l’acquisition, et la ville natale de l’artiste, Cambrai, lui commanda un bronze, fondu par Alexis Rudier. Dix ans plus tard, Carlier présenta une version en marbre d'une grande qualité, dont l’exécution « sans recours à un praticien » prit deux ans au sculpteur. Ce groupe fut exposé au musée des Artistes vivants (aujourd'hui musée du Luxembourg) avant de rejoindre les collections du musée des Beaux-Arts de Lyon, où il est actuellement conservé.
Notre exemplaire est signé "E-JH Carlier" et daté de 1904.
La marque « Alexis Rudier Fondeur Paris » est inscrite sur la terrasse.
Il s'agit d'une fonte réalisée duvivant de l'artiste.