BARTOLOMEO GENNARI, attribué à
JÉSUS ET NICODÈME
BARTOLOMEO GENNARI, attribué à
Cento 1594 – 1661 Bologne
Huile sur toile
121 x 103 cm / 47,6 x 40,6 pouces ; avec cadre 141 x 123 cm / 55,6 x 48,6 pouces
Le sujet de ce tableau monumental a longtemps été l'objet de débats. Lorsque je l'ai acquis en France il y a de nombreuses années, il portait le titre Christ à Emmaüs. Cependant, j’ai immédiatement rejeté cette interprétation, suggérant plutôt que le tableau représentait le dialogue entre Jésus et Caïphe. Cette interprétation est restée largement acceptée pendant de nombreuses années, jusqu'à ce qu’au début de cette année, je sois contacté de manière inattendue par des experts de Sotheby’s.
Une version fragmentaire de mon tableau, attribuée à Guercino lui-même, a été mise aux enchères à Londres. Comme c'était souvent le cas dans l'atelier de Guercino, mon tableau s'est révélé être une répétition exécutée par son élève Bartolomeo Gennari. La peinture londonienne représentait uniquement une figure en costume oriental (sans Jésus), et les experts de Sotheby’s l'ont identifiée comme une représentation du grand prêtre Anne, qui eut un débat avec Jésus.
Cette nouvelle perspective sur l'iconographie m'a incité à réexaminer le sujet de mon tableau et à consulter le Nouveau Testament comme source. Après une analyse approfondie, j'en suis venu à la conclusion que le tableau représente en réalité un épisode complètement différent : le dialogue entre Jésus et Nicodème.
La figure expressive de Nicodème, au centre de la composition, reflétant profondément sur les paroles qu'il vient d'entendre, devient le point focal du tableau. Ainsi, l'œuvre illustre le moment où le Christ, le Maître d'Israël, parle de la nécessité de « naître de nouveau ». Cet épisode, basé sur l'Évangile selon Jean (chapitre 3), possède une riche tradition iconographique qui unit l'art occidental et oriental.
Il est important de noter que les représentations traditionnelles de Jésus devant Anne ou Jésus devant Caïphe montrent toujours Jésus avec les mains liées, conformément au texte évangélique (Jean 18:12, 19–24). Dans mon tableau, cependant, Jésus est libre, indiquant clairement un contexte narratif différent.
Cette histoire démontre une fois de plus comment l'interconnexion entre les œuvres d'art peut éclairer l'histoire et la vision créative des grands maîtres.
PROVENANCE
France, collection privée
LITTÉRATURE ASSOCIÉE
J. A. Calvi, Notizie della vita e delle opere del cavaliere Giovanni Francesco Barbieri il Guercino, Bologne 1808
La Scuola del Guercino, édité par E. Negro, M. Pirondini et N. Roio, avec une préface de D. M. Stone, Modène 2004