Habillage d’un chevalier avant la bataille
Huile sur ardoise, cm 48 x 47
Avec cadre, cm 60 x 58
Siglé en bas à droite FM
L’épisode énigmatique représenté, qui présente deux chevaliers se préparant à la bataille qui les attend dans leur dos, s’ouvre à de multiples interprétations. Au premier plan, un groupe de trois cavaliers attendent d’entrer en action : le premier range son épée dans sa poignée, à côté, l’autre lève son épée vers le ciel avec une matraque clouée, tous deux sont vêtus à l’ancienne, avec une armure qui rappelle le monde romain. Un troisième cavalier, cette fois habillé selon la mode contemporaine, est aidé par deux attendants tout en portant l’imposante armure à chapeau plumé.
Les figures de cavaliers ne sont pas inhabituelles dans le catalogue de Cecco Bravo, peintre du XVIIe siècle florentin, connu pour son style original et sa personnalité aussi fascinante qu’énigmatique.
Voir la comparaison des œuvres comme Angelica et Ruggero du Smart Museum of Art, Chicago, l’Erminia et les bergers des Musei Civici de Pistoia ou l’Angelica et Ruggero du Palazzo Pretorio de Prato.
Mais c’est surtout la touche de pinceau, lâche et caractéristique peinture effusa, construit sur des coups de pinceaux de couleur déformée, sur les contrastes entre transparences et coups de matière plus corsée, entre les reflets et les effets de contre-lumière, qui caractérise cette œuvre, En la reliant ainsi à l’art de Montelatici.
Esprit bizarre, Cecco Bravo s’est également rapproché de l’environnement artistique vénitien, en particulier des peintres tels que Sebastiano Mazzoni et Domenico Fetti. L’activité autonome du peintre est enregistrée depuis 1624, comme on le déduit de certaines citations du tribunal de l’Académie du Dessin, dans lesquelles il commence à être mentionné comme Cecco Bravo. Il devient académicien de cette institution en 1637 et y reste membre jusqu’en 1659, peu avant son départ pour Innsbruck auprès de l’archiduc Ferdinand Charles d’Autriche et d’Anna de' Medici, comtes du Tyrol. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on peut citer les fresques du mur nord dans le salon des Argenti, au rez-de-chaussée du palais Pitti. Les fresques, réalisées à l’occasion du mariage entre Ferdinand II de' Medici et Vittoria della Rovere, ont été achevées entre 1638-1639 et représentent Laurent le Magnifique qui apporte la paix et Laurent le Magnifique qui accueille Apollon et les Muses. Ils démontrent une peinture aux chromatismes fluides et transparents dérivés de Pietro da Cortona, qui avait récemment complété les fresques dans la salle du Poêle toujours à Pitti. Après 1650, la peinture de Montelatici s’oriente vers une plus grande inquiétude formelle, dominée par des tons sombres, tournée vers la dématérialisation de l’espace, défini plutôt par des coups de pinceau toujours plus nuancés en correspondance avec le fond. Dans ce cas particulier, la matérialité des coups de pinceau est encore plus accentuée grâce au support particulier, l’ardoise, qui absorbe peu ou pas de peinture à l’huile et laisse les couleurs très vives et vives. Le choix de cette pierre comme support s’explique par ses capacités de conservation et son rendu pittoresque particulier, Ce ne sont pas pour rien de grands artistes comme Tiziano et Sebastiano del Piombo qui l’ont utilisée, mais il y en a beaucoup d’autres qui l’ont utilisée dans le passé, surtout au XVIe et au XVIIe siècles.