La Dordogne depuis Domme
Pastel sur papier (encadré sous verre)
H. 57 cm ; L. 65 cm
Signée en bas à droite - 2023
C’est suite à la vue d’une petite reproduction de Renoir que dans sa prime jeunesse, Aude Azaïs, développe sa sensibilité à la peinture. « A travers les yeux et par le cœur, je comprenais ce langage ». En grandissant, elle suit les mouvements familiaux en prenant la direction d’Haïti, où la lumière incroyablement pure l’inspire. De Paris à Haïti, de Paris à Madrid ou encore De Porto Rico à Florence, chaque voyage l’a façonnée. Forte de paysages, de lumières singulières dans les différents coins du globe, elle a enrichit son œil avant de débuter ses études artistiques. Elle a travaillé à Florence, la gravure, la peinture et la sculpture au sein des hauts lieux de la Renaissance. L’harmonie de la nature Toscane la séduit, les retables sur bois et l’art de la fresque la transportent dans les nuées. De Madrid elle se remémore les Velázquez au Prado, la lumière chaude. Puis la grande formation aux Beaux–Arts de Paris à la suite desquels elle donne seize ans d’enseignement aux Ateliers du Carrousel (Musée des Arts Décoratifs) tout en pratiquant la peinture. Depuis 2010 elle se consacre exclusivement à cette pure passion dans son atelier de Marseille.
Si à dix-huit ans, Aude Azaïs est passionnée par l’art grec, son goût se rapproche, au fur et mesure, de l’époque contemporaine. Elle ne s’enferme pas dans une école, bien au contraire. Elle cite l’artiste italien Giorgio Morandi ; le peintre de la nouvelle école de Paris, Serge Poliakoff ou encore David Hockney. La peinture de Marc Rothko, où la vibration de la teinte est portée comme par un souffle. Ces différentes inspirations et les lieux où l’art ancien est exhibé forment finalement un large corpus dont chaque élément observé finit par sculpter la vision. La création s’en voit évidemment elle-même sculptée.
L’emploi du pastel qui est un pigment quasiment pur, permet à Aude Azaïs de s’exprimer avec ampleur. La couleur prend vie, énergiquement, et s’élève dans un jaillissement et toute l’intensité souhaitée. Son travail à l’huile amène un peu plus de gravité, un peu plus d’extériorité notamment par les formats plus imposants. Cependant il s’agit toujours de la même aventure picturale, construite au fil du processus créatif : « Rien que de poser une couleur, l’émotion est là et la magie opère et l’une appelle l’autre : le violine appelle le jaune qui appelle un rose pâle et tendre qui appelle lui-même un vert frais… ».
Elle ne fait pas de différence entre abstraction et figuration, tout est prétexte à peindre. L’abstraction a une préférence dans son travail parce qu’il fait advenir sans doute un peu plus ce qui n’a jamais été vu, ce qui rejoint son goût pour la découverte.
La composition jaillit, portée par le dynamisme des formes et des couleurs en mouvement ou bien elle se construit à travers des formes stables et reposantes. « Beaucoup de choses m’inspirent, la couleur elle-même évidemment, un poème, une sonorité… »
Cette œuvre fait partie d’une série commandée en 2023 à l’artiste, pour représenter le Périgord à sa manière. Cette commande prend place dans le cadre de « Regard sur le Périgord » qui est une exposition estivale invitant chaque année un artiste à poser ses yeux sur notre territoire.
Aude Azaïs s’est presque intégralement consacrée à des visions des jardins de Marqueyssac, en plein cœur de la vallée des grands sites historiques. Exceptionnellement, notre pastel sort de ce cadre, bien que les dernière collines de Marqueyssac se retrouvent à gauche de la composition. Ici, la Dordogne est le centre, méandre entre les roches, celle de la Roque Gageac dont l’artiste s’est permis de supprimer les maisons, ne laissant que le château de la Malartrie comme trace humaine. Le point de vue est pris du belvédère de Domme, promontoire dominant cette rivière de verdure.