Dans le prolongement de ces chefs d’oeuvres de l’art médiéval, ce beau saint Philippe représenté avec sa croix à longue hampe atteste du succès de ce matériaux au XVe siècle et témoigne par sa facture et son style de l’influence exercée par les pleurants et leurs maîtres sur les ateliers de la région. Ainsi, on retrouve dans le drapé contraint d’une étonnante simplicité de notre saint, le souvenir de ceux exécutés par Antoine le Moiturier. Sur ce point notre oeuvre peut être rapprochée des pleurant n°56 et n°57 du tombeau de Jean sans Peur, attribués au maître, mais aussi du beau saint Jean de Missery réalisé probablement dans la seconde moitié du XVe siècle dans l’entourage de Le Moiturier. Sa chevelure aux ondulations souples ponctuées de crochets est proche de celle de notre Apôtre, dont le visage carré puissant et expressif aux pommettes saillantes évoque lui davantage ceux des créations Bourguignonnes réalisées juste avant 1500, comme celui de Nicodème dans la Mise au Tombeau de Semur-en-Auxois.
Les dimensions de notre saint Philippe et son revers non travaillé tendent à indiquer que ce dernier devait autrefois prendre place au sein d’un retable en albâtre figurant les douze apôtres accompagnés de leurs attributs, à l’image de celui en bois plus ancien de l’abbaye cistercienne de Theulay (vers 1400), ou en pierre plus tardif de l’église Saint-Denis de Lugny (1523).