D’après François Girardon, Christ En Croix En Bronze Doré, France, XVIIIe Siècle

Pour les amateurs de sculptures anciennes, et tout particulièrement de celles du Grand Siècle, la gloire s’attache au nom de François Girardon (1628-1715), sculpteur du Roi Soleil.
Né à Troyes, l’artiste est rapidement repéré pour son talent et bénéficie du soutien du célèbre chancelier Séguier, qui l'envoie se former à Rome. Dans la ville du Baroque, Girardon se frotte au dynamisme et à la théâtralité des grands maîtres italiens et notamment à l’oeuvre du Bernin. En dépit de cette expérience, il restera toute sa vie profondément ancré dans la tradition classique française, privilégiant l'harmonie, la retenue et la beauté idéalisée.
A son retour à Paris, en 1652, Louis XIV le prend sous son aile. Il occupe alors des fonctions prestigieuses et devient l'un des principaux collaborateurs de Charles Le Brun, premier peintre du roi. Il joue un rôle central dans les projets artistiques grandioses de l'époque, comme celui de la Galerie d’Apollon au Louvre, et plus encore dans la décoration des jardins du château de Versailles, pour lesquels il réalise ses plus célèbres oeuvres comme le groupe d’Apollon et les nymphes ou encore l’Allégorie de l’Hiver, chefs-d'oeuvre emblématiques du classicisme français.
Ces oeuvres se distinguent par leur élégance, leur équilibre, et leur pouvoir expressif, autant de qualités observées sur notre Christ en bronze doré, réalisé d’après le Christ en Croix que Girardon offrit en 1690 à la paroisse Saint-Rémy de Troyes. Encore exposé sur l’autel aujourd’hui, ce dernier présente le Christ vivant, la tête abandonnée sur son épaule droite, son regard porté vers l’horizon. De dimensions plus modestes, notre Christ reprend strictement cette composition diffusée par le biais d’une gravure de Simon Thomassin. A l’image de son modèle, son torse puissant révèle une musculature fine mais sans hyper-réalisme. Sa peau lisse, accentuée par la patine du bronze, et les transitions douces et harmonieuses entre chacun de ses muscles, captent la lumière. L’ensemble confère au sujet une perfection formelle, une noblesse et une sérénité propre à l’esthétique de Girardon qui, à travers cette composition, incarne l’idéal artistique de toute une époque.