Le regard du spectateur est immédiatement attiré par les grandes voiles jaunes, dressées au vent, qui rythment la composition. Ces voiles imposantes créent une verticalité structurante, contrastant avec les lignes horizontales du quai et de l’horizon marin. Au premier plan, des personnages esquissés par des touches de couleur vive insufflent vie et mouvement à la scène, ancrant l’œuvre dans une dimension humaine et quotidienne.
La palette lumineuse de Puy, dominée par des tons pastel, fait dialoguer les jaunes éclatants des voiles avec les bleus profonds des coques de bateaux et les reflets de l’eau. Quelques touches de rouge et d’orange viennent réchauffer la composition, conférant à l’ensemble une harmonie chromatique apaisée.
Fidèle à l’héritage du fauvisme, Jean Puy démontre ici une approche plus figurative et sereine que certaines œuvres audacieuses de ce courant.
Né à Roanne en 1876, Jean Puy étudie à l’École des Beaux-Arts de Lyon de 1895 à 1897 avant de rejoindre l’atelier de Tony Tollet. En 1898, il s’installe à Paris. Après une première expérience décevante à l’Académie Jullian, il s’inscrit à l’Académie Camillo, où il travaille dans l’atelier qu’anime Eugène Carrière. C’est dans ce contexte qu’il fait la rencontre décisive d’Henri Matisse. Ce dernier, avec Albert Marquet, Henri Manguin et Charles Camoin, forme le célèbre « groupe Moreau » au sein du cours de Gustave Moreau à l’École des Beaux-Arts.
Proche de ces artistes, Puy participe à leur première exposition collective chez Berthe Weill en 1904 et expose régulièrement au Salon des Indépendants de 1900 à 1912. Bien qu’associé au fauvisme, notamment lors du célèbre Salon d’Automne de 1905, il présente ses œuvres dans une salle attenante à celles de ses amis Matisse, Marquet, Camoin et Manguin. Il conserve néanmoins l’essence du mouvement : une exaltation de la couleur et de la lumière, ainsi qu’une liberté dans le geste.