Vase Art Déco en Dinanderie circa 1930
Vase cornet en dinanderie
Dinanderie de cuivre martelé à décor d’une frise de motifs géométriques
Marbrures rouges, oranges, grises et noires sur la panse
Signé en creux LINOSSIER sous le vase
Circa 1930
Claudius Linossier né à Lyon le 21 novembre 1893 est mort dans sa ville natale le 8 octobre 1953.
Tout jeune il commença à travailler le métal : d'abord, dans une maison d'orfèvrerie religieuse à Lyon, puis dans deux ateliers parisiens. Il connaissait déjà tous les secrets de la technique quand, frappé par la pauvreté d'invention et l'esprit de routine qui caractérisaient ce beau métier, il vint un temps travailler chez le Maître Dinandier Jean Dunand.
Auprès de cet artiste, il entrevit toutes les perspectives d'un art que l'un et l'autre allaient vivifier, rénover. Mais tenant à entreprendre seul et selon sa personnalité, ses recherches, Linossier quitta Paris, non sans avoir longuement médité, au Musée du Louvre, devant les vases grecs dont la pureté des formes, la sobriété des décors devaient le hanter.
Rentré à Lyon, il s'installa à la Croix Rousse, son premier et modeste atelier et commença une œuvre qui lui valut bientôt la Bourse Florence Blumenthal et plus tard, un grand prix à l'Exposition Internationale de 1937. Bien qu'il demeura toujours à Lyon, Linossier participa régulièrement aux salons de la Nationale des Beaux-Arts, de la Société des Artistes Décorateurs et d'Automne,où sa femme Hélène Linossier, peintre de talent, exposait en même temps que lui. Linossier faisait partie du groupe "Les Artisans français contemporains" Decoeur, Lenoble, Decorchemont, Daurat ", etc., dont la galerie Rouard, quand le cycle des expositions fut interrompu, continua à présenter les œuvres. Un an avant de mourir, Linossier avait perdu sa femme : l'homme et l'artiste ne purent supporter cette cruelle épreuve ; incapable de se remettre au travail ni de surmonter sa douleur, le 23 juin 1953 il fondait la bourse Hélène Linossier, destinée à créer trois prix annuels pour les élèves de l'école des Beaux-Arts de Lyon, en souvenir de la compagne sans laquelle la vie n'avait pour lui plus de sens. Claudius Linossier était Chevalier de la Légion d'honneur. Claudius Linossier malgré ses attaches avec l'activité artistique de Paris est demeuré, tout au long de sa vie, strictement Lyonnais. Il fut l'homme de la Croix Rousse, de cette colline où vécut, pendant des siècles, une population d'ouvriers d'art : les canuts, tisseurs de soieries. Il a hérité des vertus du bon artisan épris de perfection technique mais aussi de cette liberté d'expression d'où naissent tant de délicats ou somptueux chefs-d’œuvre.
La dinanderie, tout comme le tissage, est un métier difficile aux servitudes inexorables mais, ici et là, la main est maîtresse de son œuvre. La technique du métal est primitive et dure : l'artisan en battant au marteau, sur l'enclume, le chevalet ou la bigorne, la feuille de métal lui impose une forme qui lentement s'élève et se retirent. Les formes inventées par Linossier sont simples : vases ronds, coupes, plats ; jamais aucun ornement adventice ne vient rompre la pureté des galbes. Le décor lui-même est conçu en fonction de cette forme dont il met en valeur les rythmes essentiels. Si Linossier s'est parfois inspiré du corps humain -visages ou danseuses- il les a voulus d'un archaÏsme stylisé mais pas ses plus belles pièces s'ornent simplement d'éléments géométriques : jeux de losanges, de grecques, de disques ou de chevrons organisés avec une harmonieuse élégance.
Linossier n'a jamais eu recours aux émaux ni aux laques. Par une très personnelle et savante technique, ses décors sont constitués par des incrustations de métaux qu'il patina un temps à l'acide, puis renonçant à ce procédé trop instable, il adopta définitivement l'oxydation au chalumeau. Le corps des pièces, en cuivre rouge ou en ferronickel aux tonalités noires, est éclairé, suivant les cas, par les gris nuancés de l'argent, les ors pâles du cuivre jaune ou les pourpres sombres du cuivre rouge magnifiés, sensibilisés par la violente et primitive action du feu.