Le corps de la femme se balade avec désinvolture sous les coups de pinceau de l'artiste. La représentation abstraite sur le journal parisien d'octobre 1963, collée à son tour sur un morceau de toile découpé à main levée, crée un arrangement unique.
L'objet a été fixé sur de petits socles à moustaches et monté sur un passe-partout noir.
Encadrement professionnel noir avec décorations en or blanc et verre antireflet.
BIOGRAPHIE
Antonio Guansé est né le 1er janvier 1926 à Tortosa, une ville du nord-est de l'Espagne, en Catalogne.
Fils d'un fonctionnaire et neveu d'un écrivain, il déménage avec sa famille à Barcelone où il commence l'école secondaire et écrit, à l'âge de onze ans, ses premiers poèmes.
Cet amour de la poésie ne le quittera plus et imprégnera profondément son œuvre de peintre.
L'inclination pour la peinture se manifestera vers 1945, à travers des portraits et des paysages de Cerdagne.
Son œuvre et sa personnalité puisent leurs racines, à travers des visions profondément telluriques, dans les origines, les terres de l'Ebre.
De 1948 à 1951, tout en adhérant au groupe "Ciclos Experimentales de Arte Nuevo" et en fréquentant l'Institut français de Barcelone où il rencontre une jeune génération impatiente de faire bouger l'art en sommeil depuis la guerre civile, Guansé fait des séjours à Ibiza, aux Baléares, où il peint le monde des pêcheurs et des paysans.
Le 26 janvier 1953, il vient à Paris, grâce à une bourse de l'État français. Il y rencontre Pablo Picasso, l'une de ses principales influences. En 1954, il s'installe définitivement à Paris et commence à y exposer régulièrement.
De 1956 à 1958, la couleur prend une place prépondérante dans ses œuvres dont les formes explosent. Un dynamisme organique génère des compositions qui s'approchent d'un "expressionnisme abstrait".
En 1959, ses recherches le conduisent à un nouveau langage plastique proche de ce que l'on appellera plus tard la "Nouvelle Figuration", mouvement artistique qui opère la transition entre l'abstraction hégémonique des années 1950 et une figuration narrative, qui sera lancée en 1965.
En 1962, il remporte le prix de la critique à Paris.
En 1965, il persévère dans la représentation de l'homme : le corps, la femme, le couple, et l'espace qui l'entoure, fait de fenêtres, de miroirs, de foules, de villes. Il est sélectionné en 1967 pour le prix international Marzotto.
À partir de 1970, il réalise des illustrations de livres de poètes français et espagnols, dont "Dit de la Force de l'Amour" de Paul Éluard. Il réalise ses premières tapisseries et peint des sujets qui conditionnent l'homme de son temps, comme les paysages urbains, la télévision, le téléphone. Il réalise avec ses huit autres peintres, devant le public, sa toile Béton (4 x 3m), sur les quais du métro Saint-Augustin. Il travaille avec acharnement les formes et les couleurs, qui reflètent ses soucis, ses angoisses et son évolution.
Il accumule ensuite les expositions personnelles, plus d'une centaine au total, jusqu'aux plus récentes : notamment au Musée de Tarragone en 2001, à Paris en 2008, et un hommage posthume "Guansé y sus amigos de Paris" à Madrid. Il fait également partie de la grande exposition de l'UNESCO, organisée en 1996 pour le cinquantième anniversaire de l'École de Paris.
Son parcours est celui d'un solitaire, très jaloux de sa liberté, de son indépendance. Il ne cherche jamais à convaincre du bien-fondé de sa démarche. Son œuvre parle pour lui et affirme un caractère qui le poussera de plus en plus vers la simplification, le dépouillement des formes, le besoin de revenir à l'essentiel. La présence de l'homme ne cesse de s'affirmer au fil des tableaux et du temps.
Antonio Guansé est décédé le 22 novembre 2008 à Paris.
Son œuvre est présente dans de nombreuses collections publiques prestigieuses, mais aussi au Musée national d'art moderne de Paris, au Museo de Arte Contemporaneo de Madrid et à Tolède. Antonio Guansé avait son propre langage - un figuratif éclaté et virtuose, qui s'assouplit progressivement avec le temps ; des coups de force permanents dans la forme et la couleur.
La fraternité était la marque de l'homme et de l'artiste.
Christophe DAUPHIN (" Les Hommes Sans Epaules ").