Trois ans plus tard, il s’engage au 152e bataillon de la Garde nationale. En 1871, il est reçu à l’École des beaux-arts de Paris dans l’atelier d'Alexandre Cabanel où il suit son enseignement pendant cinq ans comme condisciple de Jean-Louis Forain, Fernand Cormon et Eugène Damas.
Il fait aussi son apprentissage auprès du peintre orientaliste Eugène Fromentin.
Les débuts
Gervex débute au Salon de 1873 en exposant une Baigneuse endormie. L’année suivante, il reçoit une médaille de seconde classe pour son Satyre jouant avec une ménade, dont le nu est influencé par le style de Cabanel, et est acheté par l’État pour le musée du Luxembourg.
En 1876, il fait la connaissance d'Édouard Manet et fréquente les peintres impressionnistes. Sa peinture en subit l’influence et il éclaircit sa palette.
Le scandale de Rolla
En 1878, il fait scandale en exposant Rolla, considéré comme son chef-d’œuvre.
Rolla (1878), musée des Beaux-Arts de Bordeaux.
Cette toile, inspirée d’un poème d’Alfred de Musset, est refusée par le jury du Salon pour les mêmes motifs que l’Olympia de Manet : représentant un nu prosaïque dans un décor contemporain, l’œuvre est qualifiée d’immorale.
Elle est exposée dans une galerie, chez le marchand de tableaux Bague au 41, rue de la Chaussée-d'Antin, où la foule se presse. Il aura la satisfaction, peu de temps avant sa disparition en 1929 de la voir entrer au musée du Luxembourg.
Il fait aussi le portrait de Mlle Valtesse de La Bigne, une demi-mondaine qui pose comme modèle et qui inspire Émile Zola pour la création de l’héroïne de son roman Nana.
Gervex lui-même est l'un des modèles pour le personnage de Fagerolles, un peintre opportuniste et mondain, dans le roman L’Œuvre de Zola, publié en 1863.
Dans les années 1880, il voyage en Espagne. Il fait partie du Cercle des mirlitons présidé par Ernest Meissonier, et expose au Cercle artistique de la Seine, qui vient d’être créé. À partir de cette année-là, il fait de nombreux séjours à Dieppe chez les parents de Jacques-Émile Blanche.
En 1882, il effectue son premier voyage en Angleterre avec Auguste Rodin. Il travaille à la décoration de la mairie du 19e arrondissement de Paris. L’année suivante, il effectue son deuxième voyage en Angleterre avec Rodin et est nommé chevalier de l’ordre de Léopold de Belgique à l’occasion de l’Exposition triennale des beaux-arts de Gand.
En 1884, au terme de son troisième voyage en Angleterre, il s’installe dans un nouvel atelier rue de la Chaussée-d'Antin. Il voyage en Italie avec Guy de Maupassant et G. Legrand.
Il fonde une académie de peinture avec le peintre Ferdinand Humbert, reprenant l'Atelier Cormon.
Un artiste reconnu
En 1889, Henri Gervex est promu officier de la Légion d'honneur. En 1890, il est nommé chevalier de l’ordre de Saint-Olaf par le roi de Norvège et de Suède. En 1891, il participe à l’exposition internationale des beaux-arts de Munich. En 1892, il est nommé officier de l’ordre de Saint-Michel par le Gouvernement de Bavière.
Le 9 février 1893, il épouse Henriette Marie Marguerite Fauche (1868-1958), jeune fille de la grande bourgeoisie protestante, qui fut élève de Charles Chaplin. Il est nommé chevalier de l’ordre de Charles III d'Espagne. Le 18 décembre 1894 naît leur fille Colette (1894-1976), qui épousera en 1920 le comte René Henri Louis du Plessis d'Argentré.
En 1895, il est nommé vice-président de la commission d’examen de la Société nationale des beaux-arts. Il décore la salle de physique de la Sorbonne à Paris.
En 1896, lors de son premier voyage en Russie, il est nommé commandeur de l’ordre de Sainte-Anne de Russie. En 1897, il fait une croisière en Italie puis en Turquie. En 1898, il fait un deuxième voyage en Russie. Il envoie Le Couronnement de Nicolas II à l’Exposition universelle de 1900. La même année, il participe à la décoration de la salle Dorée du restaurant Le Train Bleu de la gare de Lyon à Paris avec La Bataille de fleurs à Nice.
Il fait de fréquents séjours à Deauville et Trouville où il réside à la villa Les Frémonts sur la falaise et qui appartient à Mme Finaly, où Marcel Proust lui rend visite à plusieurs reprises.
En 1901, il part avec sa famille pour un troisième voyage en Russie. En 1902, il fait une croisière en Italie. En 1911, il est promu commandeur de la Légion d'honneur et reçoit la commande de la décoration du plafond de l'escalier d'honneur de la Cour des comptes à Paris.
En 1913, il entre à l’Institut de France et est élu président de la Société des pastellistes.
Une ambulance à Poitiers (1914), Nanterre, La Contemporaine.
La Bénédiction du pope (1916), Nanterre, La Contemporaine.
Durant la Première Guerre mondiale, Henri Gervex est trop âgé pour être mobilisé. Il réalise alors de petites œuvres sur bois ou sur toile illustrant le quotidien de la guerre et qui sont reproduites dans la presse illustrée comme Le Gaulois, L'Illustration ou encore Herald Tribune. Dans Une ambulance à Poitiers (aussi connue sous le nom L'ambulance de la gare de Poitiers dans la presse), Gervex représente des infirmières soignant des soldats et met ainsi en lumière leurs conditions de travail difficiles durant la guerre. Il réalise également Le train des blessés, publié dans le journal L'Illustration : « Ce tableau a été vu par la plus grande partie de la France, qui n'aura pas eu d'autre vision des cruautés de la guerre. (...) Si les plus gravement atteints reposaient sur des couchettes ou des brancards superposés, ceux que les médecins majors avaient pu classer parmi les « blessés assis » voyageaient dans des fourgons remplis de paille et ils montraient à chaque arrêt dans les gares qu'ils n'avaient rien perdu de leur courage ni de leur appétit. C'est à ce moment que le peintre Gervex a peint cette scène que chacun a pu voir dans les petites stations de province, comme dans les grandes gares régulatrices »6. L'artiste réalise également des dessins, des gouaches ou des aquarelles empreintes de patriotisme pour les journaux comme La Messe en forêt d'Argonne, Le Salut du poilu, La Double Moisson ou encore L'Esplanade des Invalides. En 1916, Henri Gervex peint La Bénédiction du pope, tableau de propagande dans lequel des soldats russes dans une tranchée sont bénis par un pope. Cette peinture officielle met en scène l'autorité spirituelle (le pope) et l'officier héroïque (le soldat blessé). Pour réaliser cette œuvre, l'artiste s'est inspiré d'un précédant tableau Casseurs de glace sur la Néva, exécuté lors d'un voyage en Russie8. Au-delà de peindre la réalité de la guerre, Henri Gervex a fait partie de plusieurs associations d'aides aux soldats et a également été donateur pour une tombola au profit de l’Œuvre du Soldat dans les tranchées à la galerie Bernheim. En 1918, il reçoit la croix de guerre pour services rendus à la patrie. En 1919, le peintre participe à une exposition au palais des Champs-Élysées réalisée au profit des œuvres de guerre et organisée par la Société des artistes français et la Société nationale des beaux-arts.
En 1925, il est élu membre associé de la section peinture de l’Académie royale des sciences, lettres et beaux-arts de Bruxelles. Il possède un hôtel particulier à Paris en bordure du parc Monceau, dont les rideaux jaunes de la chambre de sa fille sont souvent reproduits dans ses tableaux.
En 1928, il est atteint d’une maladie à l’œil. Il meurt à Paris le 6 juin 1929 au 12, rue Roussel (actuelle rue Léon-Jost), il est inhumé dans la 55e division du cimetière du Père-Lachaise10,11.
Hommage
Ouverte en 1932 sur l'emplacement des bastions no 46 et 47 de l'enceinte de Thiers, la rue Gervex lui rend hommage dans le 17e arrondissement de Paris.
Œuvres dans les collections publiques
Satyre jouant avec une bacchante (1874), Paris, musée d'Orsay.
Scène de café à Paris (1877), Detroit Institute of Arts.
Retour de bal (vers 1879), localisation inconnue.
Allégorie de la Justice (1910), Paris, plafond du palais Cambon.
États-Unis
Détroit, Detroit Institute of Arts : Scène de café à Paris, 1877, huile sur toile, 100,6 × 135,9 cm.
Philadelphie, Philadelphia Museum of Art : Portrait de Louis Pasteur, 1923, lithographie, 5,7 × 3,8 cm
Washington, National Gallery of Art : Étude pour une « Autopsie à l'Hôtel-Dieu », 1876, huile sur toile, 53,3 × 43,2 cm
France
Angers, musée des Beaux-Arts : Diane et Endymion, 1875, huile sur toile, 257 × 151 cm.
Bayonne, musée Bonnat-Helleu : Étude de femme nue, huile sur toile, 23 × 14 cm.
Beaune, musée des Beaux-Arts : Matinée d'Automne ou Bord de Forêt de Fontainebleau, huile sur toile, 54 × 40,5 cm.
Bordeaux, musée des Beaux-Arts :
Étude de dos de vieil homme, huile sur toile, 98 × 76,4 cm ;
Rolla (1878), huile sur toile, 176,2 × 221,3 cm.
Le Miroir ( vers 1880), huile sur toile, 65 x 54 cm.
Chambéry, musée des Beaux-Arts :
Vue d'une plage, Deauville, huile sur toile, 32,3 × 46 cm;
Descente de Croix, huile sur toile, 61,6 × 40 cm ;
Portrait de Madame Gervex, 1893, huile sur toile, 230 × 132 cm.
Dieppe, château de Dieppe : Portrait du docteur Émile Blanche, huile sur toile.
Dijon, musée des Beaux-Arts : La Communion dans l'église de la Trinité, 1876, huile sur toile.
Évreux, musée d'Évreux : Femme endormie, vers 1878, huile sur toile, 32,2 × 40,3 cm.
Gray, musée Baron-Martin : L'Album de famille, 1895, huile sur toile, 95 × 170 cm.
La Rochelle, musée des Beaux-Arts : Baigneuse endormie, 1873, huile sur toile.
Lille, palais des Beaux-Arts :
Figure de femme nue, debout, les mains derrière la tête, pierre noire sur papier, 23,5 × 21,7 cm;
Femme à sa toilette, crayon sur papier, 23 × 16,2 cm;
Étude de femme nue assise, pierre noire sur papier, 23 × 84 cm ;
Odalisque, 1880, huile sur toile; 55 × 88 cm ;
Le Quai de la Villette à Paris ou Le Coltineur de Charbon, 1882, huile sur toile, 70 × 117 cm.
Marseille, musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée : Yachting dans l'archipel, 1905, calendrier, estampe.
Nanterre, La Contemporaine :
La Bénédiction du pope, 1916, huile sur toile, 66 x 82 cm ;
Une ambulance à Poitiers, 1914, huile sur bois, 35 x 26,5 cm ;
Portrait d'un officier, 1916, pastel, 60 x 71 cm.
Neuilly-sur-Seine, hôtel de ville : Parmentier accueillant Louis XVI dans la plaine des Sablons, 1904, décor pour le grand escalier, huile sur panneau.
Paris :
Académie nationale de médecine : Portrait du docteur Émile Blanche, huile sur toile.
gare de Lyon, restaurant Le Train bleu : Bataille de fleurs à Nice, 1900, huile sur panneau.
hôtel de ville : La Musique à travers les âges, salle des fêtes, huile sur panneau.|
mairie du 19e arrondissement de Paris :
Naissance, vers 1881, huile sur panneau ;
Le Bureau de bienfaisance, 1883, huile sur panneau ;
Le Bassin de la Villette, 1884, salle des mariages, huile sur panneau ;
Mathurin Moreau, maire du 19e arrondissement de Paris, célébrant le mariage civil de son fils, 1884, salle des mariages, huile sur panneau.
musée de l'Armée :
Officiers supérieurs et généraux de la Guerre de 1870-1871 et membres du gouvernement de la Défense, 1889, fragment du panorama de l'Histoire du siècle, huile sur toile, 226 × 239 cm;
L'ambulance de la gare de Poitiers, 1915, huile sur bois, 54 x 73 cm ;
Le Salut du poilu, 1914-1918, pastel sur toile, 100 x 72 cm
musée Carnavalet :
Retour du Bal, 1879, huile sur toile ;
Le Président Sadi Carnot entouré de personnalités de la IIIe République, devant l'Opéra, 1889, huile sur toile, en collaboration avec Alfred Stevens, 440 × 239 cm;
Portrait de Madame Blerzy, 1884, huile sur toile ;
Un soir de grand prix au pavillon d'Armenonville, 1905, huile sur toile ;
Une Soirée au Pré Catelan38, 1909, huile sur toile.
musée du Louvre :
Jeune femme debout, vue de dos, devant une fenêtre, gouache et aquarelle sur papier 28,4 × 13 cm ;
Femme nue, assise, la tête baissée, les bras rejetés en arrière, pastel sur papier, 55 × 35,1 cm;
Homme, à mi-corps, de face, adossé à une fenêtre, fusain sur papier, 24,2 × 19,4 cm ;
Femme allongée, les jambes croisées et les bras écartés du corps, fusain sur papier, 32 × 48 cm ;
Femme nue, couchée, la tête posée sur son bras gauche, fusain sur papier, 31,2 × 48 cm
Musée d'Orsay :
Portait de Charle Émile Van Marcke, vers 1870, crayon sur papier 17,2 × 16 cm ;
Paysage marin (Dieppe), vers 1885, pastel sur papier, 47 × 59,5 cm;
Satyre jouant avec une bacchante, 1874, huile sur toile, 159 × 193 cm;
Une séance du jury de peinture au Salon des artistes français, 1885, huile sur toile, 299 × 419 cm
Le Docteur Péan enseignant à l'hôpital Saint-Louis sa découverte du pincement des vaisseaux, ou Avant l'opération, 1887, huile sur toile, 242 × 188 cm;
Portrait de Mademoiselle Valtesse de La Bigne, 1887, huile sur toile, 200 × 122 cm;
Portrait de Mlle Valtesse de La Bigne (1879), Paris, musée d'Orsay.
À La République française, 1890, huile sur toile, 145 × 217 cm;
Le Couronnement de Nicolas II et de l'impératrice Alexandra Féodorowna en l'église de l'Assomption de Moscou, 1896, huile sur toile, 115,5 × 151 cm.
Palais Cambon, Cour des comptes : Allégorie de la Justice, 1910, plafond de l'escalier d'honneur.
Palais de l'Élysée : La France accueillant l'Abondance, 1907, plafond.
Petit Palais : La Naissance de Vénus, 1907, huile sur toile, 146 × 200 cm.
Sorbonne, amphithéâtre Lefebvre53 : L'Arc en ciel, 1896, huile sur panneau.
L'Arc en ciel (1896), Paris, Sorbonne, amphithéâtre Lefebvre.
Théâtre national de l'Opéra-Comique, grand foyer :
Le Ballet comique de la Reine, 1897, huile sur panneau ;
La Foire de la Saint Laurent, huile sur panneau.
Pau, musée des Beaux-Arts : Échaudoir, 1879, huile sur toile, 55 × 46 cm
Reims, musée des Beaux-Arts : L'Attente trompée, 1890, huile sur toile, 51,3 × 44,6 cm
Saint-Quentin, musée Antoine-Lécuyer : Portrait présumé de William Busnach, vers 1880, pastel sur papier, 71 × 51 cm.
Strasbourg, musée d'Art moderne et contemporain : Portrait de Gustave Schlumberger, 1887, huile sur toile, 24,2 × 19 cm
Versailles, musée de l'Histoire de France : Distribution des récompenses aux exposants par le Président Sadi Carnot, à la suite de l'Exposition de 1889, le 29 septembre 1889 au palais de l'Industrie, le défilé des colonies françaises, 1897, huile sur toile, 615 × 982 cm.
Vizille, musée de la Révolution française : Rouget de Lisle et soldats de la République, 1887, huile sur toile, 120 × 140 cm.
Taiwan :
Église de la Trinité, 1899, huile sur toile, 190 x 84,5 cm, Tainan, Chimei Museum