Superbe et hiératique sculpture africaine tricéphale représentant un gardien de reliquaire d'ancêtre, culture FANG BIERY, Gabon (ou Cameroun)
La patine sombre présente des usures et abrasures notamment au niveau des parties saillantes (bras et visages) et surtout de la base. Le tenon servvant à la statue de "tabouret" est par exemple manquant, lié à d'importants dégâts xylophages (l'état est aujourd'hui stabilisé !)
Ces statues à la forte présence étaient destinées à fermer de façon symbolique les boîtes reliquaires souvent constituées d'écorces et contenant les reliques des Anciens: crânes, fémurs, parfois des os plus petits ou des dents...
La force du gardien est magnifiée par ses 3 visages aux traits soulignés. Sa posture altière, ses yeux stylisés et fermés confèrent à cette statue toute l'autorité de sa fonction.
"Chez Les Fang, chaque famille possède un Biery ou une boîte de reliquaire contenant les ossements d'ancêtres. Ces boîtes étaient conservées par l'Esa (le plus viel homme de la famille). Les statues Fang sont liées en grande majorité au culte du Biery. Les statues Fang Biery illustrent généralement des hommes assis, aux jambes fléchies avec un torse allongé et droit ou bombé, les mains jointes tenant une coupe, et une tête aux traits stylisés. Les boîtes reliquaires étaient surmontées d'une statue ou d'une tête; qui agissait comme gardien des boîtes Biery. Celles-ci étaient conservées dans un coin sombre de la case, et étaient destinées à détourner vers quelqu'un d'autre les influences maléfiques. Ces sculptures qui surmontaient les reliquaires pouvaient être promenées à travers le village afin d'honorer leur défunt. Elles étaient également utilsées lors des cérémonies d'initiation des gens liés à la société SO. Pour participer à ces déambulations rituelles et fêtes, les statues étaient démontées de leur support, séparées de leur support et portées en parade."
"Les gardiens de reliquaire eyema-byeri sont représentés le plus souvent en pied et très rarement en buste ou sous la forme d’une tête. Ils sont placés au-dessus de paniers-reliquaires contenant les restes des ancêtres les plus importants du lignage. Les gardiens de reliquaire faisaient l’objet d’offrandes régulières afin de favoriser la communication avec les ancêtres."
* "Gardien de reliquaire Biery - Fang / Ngoumba - Cameroun
Les figures de reliquaires Byeri sont certainement les plus mystérieuses et emblématiques de l'art Africain.
Le culte du Byeri (culte des ancêtres) était pratiqué dans tous les villages Fang, aussi bien au Sud du Cameroun qu'au Gabon et Rio Muni.
Chez les Fang, le Byeri se rattache au culte des ancêtres et plus précisément aux reliquaires qui leurs sont dédiés. Byeri désignant aussi bien le culte, que les objets qui s'y rattachent.
Selon Perrois, c'est derrière le lit du chef de famille qu'étaient discrètement installés les reliquaires, les effigies de bois et encore les reliques personnelles.
Il nous fait également remarquer que les défunts importants du lignage pouvaient aussi être inhumés dans la chambre même du chef de famille dans un souci de protection des dépouilles !
Ces reliquaires sont constitués de deux parties :
- la boîte coffre en écorce qui va contenir des reliques osseuses, que les Fang nomment nsekh o byeri, le ventre,
- et la figure perpendiculaire qui surmonte la boîte : eyema o byeri qui signifie la tête.
Concernant le contenu des boîtes, Perrois nous dit que les reliques Fang se composaient de crânes, d'os longs, voire de simples fragments d'os, de dents.
Les reliques familliales étaient soigneusement identifiées et prélevées quelques mois après le décès du notable, nettoyées, séchées et parfois ornées d'incrustations métalliques - cuivre par exemple.
Par la suite elles étaient périodiquement extraites des coffres en écorce et honorées par l'application de pâte rouge (poudre de bois de padouk mélangée à de l'huile).
Le père de famille évoquait alors les ancêtres pour favoriser des voeux de chance, richesse, fécondité.
Les statuettes du Byeri pouvaient encore être utilisées comme marionnettes lors des rites du Melan.
Sur le coffre en écorce cousue, on trouvait les effigies de bois que nous connaissons.
Soit des têtes seules dont la hampe était fichée dans le couvercle, soit des statuettes en pied, placées en situation assise sur les bords.
Plus rarement, certaines statuettes pouvaient parfois receler de discrètes inclusions aux pouvoirs magiques, derrière les yeux incrustés de cuivre ou de miroir, sous les oreilles ou au sommet du front.
Y étaient aussi ajoutés des fragments osseux ou le plus souvent des molaires humaines.
D'après le livre Fang de Perrois, éditions 5 Continents."
* https://fr.wikipedia.org/wiki/Byeri
Le Byeri ou Byer est une société secrète et initiatique masculine pratiquée par les Fangs et Boulou. C'était assurément l'initiation la plus indispensable et la plus importante pour un jeune Fang-Bulu. Les peuples Kota connaissent un culte comparable à celui du byeri des Fang, associant une figure anthropomorphe à un panier reliquaire.
Le Byeri désigne à la fois des reliques d'ancêtres que chaque famille détenait dans un coffret, une statuette en bois d'environ 25 à 50 centimètres, un rituel et la plante Alan (Melan). Selon Samuel Galley, le byeri c'est le « crâne d'ancêtre fétiche, ou morceau de crâne humain dans une boîte en écorces (nsekh ô byeri). Il y en a plusieurs dans la boîte, et celle-ci est souvent surmontée d'une statuette. Cela représente une divinité. Le Fañ honore le Byeri, il lui fait des offrandes, l'enduit de ba (poudre de bois rouge), de sang ; il lui offre de la nourriture, puis la mange lui-même. Byeri ô ne va, signifie « il y a ici un Byeri ». Le Byeri est jugé capable de favoriser la chasse et la pêche, de rendre les femmes fécondes, de donner beaucoup de richesses ».
Au-delà du caractère ethnocentriste de cette définition, elle a l'utilité de restituer l'essentiel de ce qui compose le Byeri. En réalité le Byeri n'était pas une divinité au sens occidental du terme mais une connexion directe avec les ancêtres. Ces rites ont été maladroitement qualifiés de paganisme par ignorance profonde des croyances africaines. Ce qu'il convient de dire c'est qu'il s'agit d'un culte familial. De nos jours cette initiation est de plus en plus discrète et secrète, car durant la colonisation ce culte, comme la totalité des cultes africains, a été violemment combattu par les missions occidentales. Accusés à tort de paganisme et de satanisme par les occidentaux qui ignoraient totalement ce que c'était, le Byeri comme d'autres cultes a dû résister pour survivre. Aujourd'hui, par la prise de conscience et en dépit des virulentes attaques des églises chrétiennes, le Byeri connaît une véritable renaissance
À l'origine le Byeri est un culte ancestral qui permet d'établir un lien permanent entre les vivants et les ancêtres. Le Byeri c'est à la fois le culte et un ensemble d'enseignements lié au lignage et à la famille. Dans la conception Fang-Bulu, « l'ancêtre est l'axe de la société, le garant du monde vivant et de la vie future. A lui se rattachent directement ou indirectement les manières de faire, les croyances, les rites, l'organisation sociale ». En clair, le Byeri ordonnançait la vie politique, sociale et religieuse. Ainsi, au cœur de ce dispositif se trouve le père ou l'aîné de la famille (Nda-e-Bot). Il est en quelque sorte le dépositaire et l'intermédiaire entre l'ancêtre ou les ancêtres et les vivants. Dans ce sens, la connaissance de la généalogie (Endane) et sa transmission relie chaque Fang-Bulu à l'ancêtre primordial, à Dieu, à Nzame Ye Mebeghe. C'est à lui que sont dédiées les prières, les lamentations et les adorations, mais aussi les offrandes.
Le rite en lui-même met en présence la plante Alan, un Nsekh Byer (coffret cylindrique contenant le Byeri) et un Eyema Byeri (Statuette de Byeri). L'initiation est organisée dans un lieu secret pour les non-initiés et pour les femmes en général. Les reliques sont souvent composées d'ossements d'ancêtres ayant démontré leur esprit de rassemblement, de sagesse, de bravoure ou de fécondité. Le crâne et les tibias sont les os privilégiés pour leur longévité et surtout pour leurs pouvoirs mystiques."
Dimensions
63cm hauteur
22cm largeur
15cm profondeur
Bibliographie:
*Collectif, Fang, Éditions Dapper, 1999, 324 p. (ISBN 978-2906067363)
*Louis Perrois, Byéri fang : sculptures d'ancêtres en Afrique, Paris, Réunion des Musées Nationaux (RMN), 1992, (ISBN 978-2711826599)
*Louis Perrois, Fang, 5 Continents, 2006, 160 p. (ISBN 978-8874392957)