Jean Augustin Franquelin (Atelier de) - XIXe - l'Inquiétude

Cette Huile sur Toile entourée d'un cadre en bois doré d'époque XIXe, et entourée de frises de style restauration, nous expose une scène de genre à priori banale.

Une femme sur la plage, triste, regarde au loin dans la mer, attendant désespérément que quelqu'un ou quelque chose vienne à elle, son jeune enfant sous le bras, blotti contre son sein. Elle s'appuie sur une barque, pouvant signifier qu'elle attend son mari pêcheur parti en mer. Des gravures datant du milieu XIXe siècle de Rollet nous montrent l'exact même sujet, probablement l'original d'un tableau dont on a perdu la trace, numérisées par les archives départementales de la Somme et le MBA d'Angers. Les gravures sont nommées « l'Inquiétude ».

Pour comprendre l'attribution à l'atelier de Jean Augustin Franquelin, et la signature « P.Caneta » en bas à droite, celle d'un de ses potentiels élèves, il faut revenir sur les œuvres antérieures de l'artiste. Ce sujet est similaire à une « jeune femme pensive à la couronne de fleurs », attribuée à lui suite à une vente en 2005, à « la jeune mère », conservée au Musée de Grenoble et réalisée par Franquelin avant 1834, mais surtout à                    « Evirchoma », toile présentée au Salon de 1824 par Franquelin. Ce peintre Parisien exposera au Salon de 1819 à 1839.

Dans le Tome Premier d'« Ossian en France » paru en 1917, le professeur Paul Van Tieghem résume l'histoire d'Evirchoma en ces mots :
« Et surtout comment une âme sensible ne serait-elle pas délicieusement émue en voyant la belle Evir-Choma, qu'un songe a avertie, s'embarquer seule avec son enfant pour retrouver son mari, l'apercevoir sur la plage épuisé de fatigue et couvert de blessures, et lui offrir son sein pour le nourrir de son lait, comme jadis sa mère Crisollis avait nourri Casdu-Conglas son époux ? Sur le refus de Gaul, elle tente de le porter sur ses épaules jusqu'à l'esquif, mais elle succombe sous l'effort, et ils périssent tous les deux ; seul l'enfant survit, et on le retrouve dans la barque, bercé par les flots ». La scène de genre présentée ici, d'une femme au bandeau bleu, n'est donc bien évidemment pas mythologique, mais revet l'atmosphère du songe Ossianique héritée des précédantes oeuvres de Franquelin.

Malgré le néoclassicisme de Regnault, son maître, les compositions extérieures de Franquelin sont romantiques, aux ciels souvent orageux, comme ici. Les récifs, la barque trouée, vide, de laquelle tombe un fil de pêche, la larme s'échappant sous l’œil de la femme, la tension est palpable. La scène est pathétique, mais pas aussi exotique que les compositions de son rival Louis Léopold Robert.

Attribution Finale : Esquisse ou Copie d'atelier d'une oeuvre présentée au Salon de 1827, sous le nom " la veuve du marin ", numéro 415, par Franquelin.