(Plymouth, 1794 –Baden-Baden, 1853)
Vue d’Italie
Huile sur toile
H. 66 cm L. 95 cm
Signée en bas à droite et datée 1822
Après la chute de Napoléon et la fin du blocus continental, les Anglais furent légion à se précipiter en France pour renouer avec la pratique du continental tour. Depuis que les montagnes étaient devenues une catégorie privilégiée de l’esthétique du « sublime », bien des peintres britanniques parcoururent les Alpes ou, en moins grand nombre, les Pyrénées, pour y dessiner les vues qui allaient leur servir à composer des tableaux ou des lithographies. A la fin du XVIIIe siècle déjà, le peintre Archibald Robertson avait exposé des sites pyrénéens à la Royal Academy. L’un des premiers artistes d’outre-Manche à explorer les Pyrénées sous la Restauration fut Marianne Coltson, qui séjourna en 1820 entre Bayonne et Luchon et en tira un recueil de gravures. Lui aussi précurseur du sketching tour pyrénéen, Philip Hutchins Rogers visita la même année la partie orientale du massif, vers l’Ariège et la Catalogne, avant de passer en Espagne. Les souvenirs de son voyage devaient lui fournir les sujets de ses premiers tableaux présentés à la Royal Academy. Il montrera ainsi en 1821 : Remains of an old castle in one of the vallies of the Pyrenees, Catalonia, from a sketch made on the spot in July 1820 ; en 1825 : Pamiers, a town in the confines of the Pyrenees ; et en 1833 : Le Château de Foix (en français dans le catalogue).
Peintre de paysages et de marines, Philip Hutchins Rogers est né à Plymouth où il s’est formé auprès de John Bidlake, en compagnie de Samuel Prout, Benjamin Haydon et Charles Lock Eastlake. Puis son maître lui a payé des études à Londres où il a bénéficié de patronages célèbres, tels que ceux de Reynolds et de Turner. Il finira sa vie en Allemagne où il se fixera à partir de 1839.
En 1822, Rogers est peut-être encore en Italie où il est allé après son séjour français. Réalise-t-il cette toile sur place d’après quelques esquisses, ou bien est-ce une œuvre idéalisée crée à Londres. Le peintre donne une magnifique ampleur à ce paysage où la verte vallée, avec ses plans successifs, ses variations de lumière et d’intensité chromatique, l’arabesque bleue d’une rivière, compte tout autant que les montagnes campées au fond du décor. La touche est aussi subtile et minutieuse que chez les Français qui composaient des paysages historiques. Mais aux fictions mythologiques qui servaient de prétexte à ces derniers, l’Anglais préfère la simple exaltation d’une nature grandiose.