Marina, 1846
Huile sur toile, cm 53 x 69
Une nouvelle conception du paysage prend forme entre le XVIIIe et le XIXe siècle : la nature fait irruption dans l’art et se révèle dans toute son énergie majestueuse. Outre les paysages de campagne, les panoramas montagneux et les décors exotiques, c’est la mer qui devient l’un des sujets préférés des peintres romantiques au XIXe siècle. Pendant des siècles, la mer a été confinée aux fonds décoratifs et était représentée de manière plutôt improbable mais les artistes romantiques voient dans la mer l’emblème de la liberté absolue et de la solitude; capable de déclencher des sentiments forts et contradictoires, Il étonne par son immensité et la violence avec laquelle il se manifeste. Dans ce cas aussi, nous notons que le paysage marin devient protagoniste au détriment des figures humaines, à peine perceptibles à bord des navires qui sillonnent les eaux. Les voiliers de tailles différentes s’étirent le long d’une étendue lumineuse qui passe du bleu au doré, sous un soleil qui commence lentement à se coucher sur la droite. Les couleurs changeantes se répètent dans le ciel clair, dans les nuages fraîchement esquissés, sur les rochers et sur les bateaux; la nature et l’homme cohabitent paisiblement dans cette œuvre, partageant le paysage sans prévarication. Les jeux de lumière donnent vie à une large palette de couleurs, comme par exemple sur la surface de la roche roussâtre au centre du tableau, un véritable trait d’union, tant au niveau littéral que dans le niveau de subdivision spatiale. Le thème de la mer pouvait être changeant comme l’est en réalité l’élément lui-même : le mouvement perpétuel, le changement continu des formes et des couleurs, la variabilité des conditions atmosphériques, du clair au Font un sujet idéal pour la sensibilité et la liberté des peintres romantiques.