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Retour en grâce et graces du Siècle de Marie-Antoinette
D'une présence des plus flatteuses, cet original Cartel d'applique se pare sur sa caisse réalisée en bronze doré de volubiles motifs puisés au répertoire ornemental du XVIIIe siècle. Génèreusement ciselées sur un fond amati, volutes, enroulements, crossettes et fleurons feuillagés d'acanthe grainée épousent la forme violonée de son corps, en ponctuent disposés en agrafes l'harmonieuse eurythmie. Chûtes de culots campanulés, cannelures foncées d'asperges stylisées habillent ses flancs; perlé et oves , entrelacs centrés de cabochons s'étirent en frises sur les rampants de son fronton, de sa corniche, sertissent la lunette de son cadran émaillé blanc indiquant les heures, les minutes en chiffres romains et arabes par deux aiguilles repercées en bronze doré. De somptueuses guirlandes précieusement pavoisées de roses en boutons, de fleurs printanières embelissent de leur touche féminine le cartel tout comme sa console d'applique sur laquelle son piétement à enroulement feuillagé repose. Flanquée de lanternons à rosaces fleuries et galonnée sur son entablement d'une frise à rinceaux d'acanthe, celle-ci est ouvragée sur son cul-de-lampe terminé en bouquet feuillagé à graine de motifs ornementaux aux atours similaires à ceux de la pièce horlogère.
Au coeur de ces frondaisons Louis XV, trois plaques de porcelaine dans l'esprit des productions de la Manufacture de Sèvres - encadrement Bleu Céleste rehaussé de menues volutes, palmes et fleurettes verniculées à l'or fin, polychromie douceureuse sur réserve à fond blanc poudré- inscrites en des cartouches aux lignes sensiblement chantournées, sont enchâssées. Formant axialement pendant, deux d'entre -elles arborent la bien jolie et fraîche effigie en buste de l'Archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche (1755-1793) coquettement vêtue de mousseline, le visage plein d'agrément sous sa perruque poudrée bijoutée de perles et celle plus convenue, en habit de cour, de son princier et royal époux, Louis XVI (1754-1793). Placée sous le cadran du Cartel, la troisième met en scène au sein de vaporeuses nuées jonchées de roses deux Chérubins jouant tendrement avec des Colombes. Librement inspiré des oniriques compositions porcelainières de Charles-Nicolas Dodin (1734-1804), ce charmant tableautin chante avec une suavité non dénuée d'ingénuité les grâces nées de la rencontre et union (16 mai 1770) du futur couple royal.
Traités en ronde-bosse, les trois ravissants bambins aux formes potelées ceintes de virevolantes draperies qui, lestement juchés sur les rampants de la corniche ou sagement assis sur le dé arboré du fronton auréolent la partie sommitale de l'ensemble horloger illustrent voir exaltent cette thématique. L'un, au regard coulé, brandit d'une main un philactère roulé, de l'autre une flèche à empenage-symbolisant les traits et effets de l'Amour- extraite de son carquois porté en bandoulière; le second, zélè, s'applique à souffler dans un Cor annonciateur du solennel évenement monarchique. Enfin, le troisième, rieur, s'enjoue de la folâtre présence de Colombes- vénusiens volatiles associés au sentiment amoureux, à l'Hymen -s'ébattant avec ardeur près de lui.
D'une notable homogénéité eshétique et thématique, ce petit monument horloger dont nous ne connaissons pour notre part- quant à la typologie du Cartel d'applique-pasd'autre exemplaire illustre parfaitement l'impétueux souffle "historiciste" qui traverse, hante dès les années 1830-1850 la seconde moitié du XIXe siècle.
Placé sous l 'égide de Marie-Antoinette, souveraine qui, en son temps, sut "conquérir les coeurs", inspirer respect et admiration, ce Cartel d'applique célébrant l'aube des feux d'un régime monarchique louangé avant les vicissitudes nées de la tourmente Révolutionnaire pour son art de vivre ingénu, son luxe raffiné témoigne ainsi du retour en grâce de cette période historique du XVIIIe siècle. Et ce, sous l'impulsion de l'Impératrice Eugènie (1826-1920) laquelle adula la reine fâcheusement contreversée, acquit ou commandita à grands frais objets et mobilier d'époque ou de Style néo-Louis XVI . En 1867, lors de l'Exposition Universelle, elle présida dans le cadre du Petit Trianon une exposition rétrospective consacrée à Marie-Antoinette qui marqua les esprits et devait orienter les goûts décoratifs de l'élite parisienne de l'époque.
Sous les ors du Second-Empire, Tapissiers virtuoses, Ebénistes de renom, Fabricants de Bronzes d'Ameublement d'art s'échinèrent dès lors afin de surseoir aux nouveaux désidératas de leur clientèle à récréer l' intimiste et raffiné décor d'Antan, à s'approprier ou réinventer leurs luxueuses pièces mobilières, à évoquer figures tuléraires ,combiner motifs et matériaux caractéristiques de cette période retrouvée. Le Cartel d'applique que nous proposons est le fruit de cet élan créateur.
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Matériaux: Bronze doré; porcelaine à décor polychrome avec encadrements Bleu Céleste et rehauts à l'or fin; émail et verre.
Dimensions: H. totale: 78 cm;-L.: 34 cm.
Travail parisien de Qualité d'inspiration Louis XV-Louis XVI de la seconde moitié du XIXe siècle.Epoque Napoléon III, circa 1860.
Bel Etat génèral.