Bas-relief Des Putti Vendangeurs - Empire Romain - IVe Siècle Ap. J.-C.

Ce magnifique bas-relief en marbre d'époque romaine, présente une scène dite des Putti vendangeurs, que l'on retrouve souvent dans les décors des sarcophages romains du IVe siècle de notre ère. 
Ce bas-relief montre une scène de genre, celle de la vendange, effectuée par cinq enfants nus. Ces petits personnages possèdent des caractéristiques physiques et des expressions faciales similaires : ils sont tous nus, bien en chair, leurs têtes sont larges, leurs yeux écarquillés, les bouches légèrement entrouvertes et les cheveux courts et bouclés.
Quelques-uns de ces enfants arborent une paire d'ailes, qui permet d'identifier le groupe comme des putti, ou des Amours. Certains d'entre eux portent un panier, situé à l'arrière ou à l'avant de leur corps. Chacun de ces putti s'attèle à sa tâche : tandis que l'un semble grimper aux arbres afin de cueillir les fruits les plus hauts ou bien pour chasser l'oiseau chapardeur, un autre se baisse pour les ramasser au sol, et enfin les derniers tendent leurs bras, ou un bâton, vers l'arbre.
Par ailleurs, si les fruits sont identifiés comme des grappes de raisins, ils sont néanmoins montrés par une forme ronde stéréotypée. La position des deux troncs d'arbres, droit à gauche et serpentin à droite, délimite la composition par un cadrage clair, poursuivi par l'oiseau étiré en haut, s'extirpant des épais feuillages et qui vient perturber la scène en piquant les fruits que les enfants tentent de récolter. 
Enfin, on note la présence de traces de trépan visible dans les cheveux des putti et dans les feuillages des vignes.
Les Amours vendangeurs constituent un type iconographique caractéristique des sarcophages des IIIe et IVe siècles, au même titre que d'autres scènes de récoltes, de travaux agricoles ou de paysages champêtres. Si le sujet se retrouve dans des sarcophages de ces siècles, il faut néanmoins mettre cette œuvre en correspondance avec la production de sarcophages de l'antiquité tardive, vers le IVe siècle, plutôt que le IIIe.
En effet, apparu au cours de l'ère de Trajan (98-117), les Amours vendangeurs se retrouvent au sein des décors des sarcophages et des mosaïques. Si ces scènes sont, au départ, fortement liées à l'imagerie dionysiaque, leur multiplication au cours du IIIe siècle enlève leur substrat hellénistique et mythologique pour se tourner vers la représentation de scène réaliste, mettant ainsi en scène la vie populaire. De plus, l'imagerie des Amours vendangeurs survit au dionysisme des sarcophages en se chargeant de paraboles chrétiennes et connaît alors un important regain de popularité entre 320 et 360.
Le motif des Amours vendangeurs constitue alors un interlude parmi les scènes bibliques, et représente une entrée de ce motif dans le système décoratif des sarcophages chrétiens vers le IVe siècle, comme le sarcophage du palais Barberini, conservé à Dumbarton Oaks et datant de 330-335.
Présents alors dans de nombreux décors de sarcophages, les Amours vendangeurs se charge de plusieurs significations et symboliques. On les retrouve dans les sarcophages d'enfants, comme dans cet exemple conservé au musée du Louvre, et où la scène de vendange est couplée à celle du foulage.
Le thème sera surtout repris dans les décors des sarcophages paléochrétiens, comme celui dit des « trois Pasteurs », daté de la fin du IVe siècle, et conservé au musée Pie Chrétien du Vatican. Ici, les trois bergers criophores, sont posés sur des socles permettant de scander la composition. La scène est peuplée par des Amours, dans un horror vacui impressionnant, qui s'attellent à diverses activités du monde paysan comme la récolte des vignes, le foulage, la traite des chèvres etc.. Le sarcophage fut retrouvé dans la zone d'un cimetière chrétien, et bien que le décor s'inspire des représentations bucoliques héritées de la tradition romaine, sa symbolique reste pour autant chrétienne.
Les scènes champêtres, et plus particulièrement le thème des Amours vendangeurs, se voient conférer une nouvelle symbolique lors de leur reprise par les communautés paléochrétiennes. Les décors paysans, par les activités montrées, se chargent de symboliques nouvelles : les moissons symbolisent alors la vie interrompue, tandis que la vendange et la fabrication du vin symbolisent le sang nouveau de la vie dans l'au-delà. Les thèmes agricoles constituent alors un sujet privilégié et caractéristique des sarcophages paléochrétiens. La scène trouve alors un écho dans les Saintes Écritures, et plus particulièrement dans l'Apocalypse où un ange vient, à la fin de l'apocalypse, vendanger la vigne de la Terre (Apocalypse, 14) : « Et l'ange jeta sa faucille sur la terre. Et il vendangea la vigne de la terre, et jeta la vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu. Et la cuve fut foulée hors de la ville; et du sang sortit de la cuve, jusqu'aux mors des chevaux, sur une étendue de mille six cents stades ». Ainsi le vin nouveau annonce l'avènement du royaume de Dieu.
Enfin, si l'iconographie des Amours parvient à se maintenir dans l'art chrétien, c'est aussi parce que ces « génies ailés » appartiennent désormais au domaine commun de l'emblématique funéraire et constituent une parabole avec la figure apocalyptique de l'ange vendangeur.