Huile sur panneau de chêne, non parqueté
Toile H. 29,5 ; l. 24 cm
Avec cadre H. 39 ; l. 33,8 cm
Notre peinture est une magnifique et très fidèle réplique d’un des chefs d’œuvre du peintre Gabriel Metsu (1629 – 1667), l’Apothicaire ou le Chimiste, aujourd’hui conservé au Musée du Louvre.
Peintre « de la manière fine » du siècle d’or hollandais, Gabriel Metsu excelle dans la production de scènes de genre, pour lesquelles il délaisse les sujets religieux, dès les années 1650. Souvent de petit format, ses tableaux sont très appréciés pour la décoration des intérieurs bourgeois.
Peu d’informations subsistent à propos de l’apprentissage du jeune peintre. C’est probablement auprès d’un des plus éminents peintres de la ville, Gérard Dou (1613-1675), qu’il s’initie à la peinture. On ressent également dans son style l’influence d’autres peintres, tels qu’Anthonie Claesz de Grebber, Nicolaus Knupfer, de l’école d’Utrecht, et le grand Johannes Vermeer, à qui certaines de ses toiles ont été attribuées.
L’influence de Dou est palpable dans les premières scènes de genre que Metsu commence à peindre après son arrivée à Amsterdam, notamment dans la reprise du motif récurrent de la fenêtre cintrée en pierre, qu’on retrouve dans notre tableau.
La fenêtre encadre un apothicaire, ancêtre de notre pharmacien, paisiblement assis, un journal sur les genoux. Il a le regard rêveur, et semble perdu dans ses pensées.
Sur le rebord de la fenêtre devant lui, se trouvent un encrier, une feuille de papier, un pot de pommade en faïence et un mortier. Une fiole contenant un liquide brun est suspendue à droite, sur l’encadrement de la fenêtre. Du côté opposé, est accrochée une affiche encadrée, sur laquelle on distingue un portrait d’homme tenant une cruche. La niche est encadrée de feuilles de lierre qui tombent en cascade.
Derrière l’homme, on distingue une bibliothèque avec quelques ouvrages, et sur le dessus, un globe ainsi qu'un encrier.
Le tableau dégage une atmosphère calme et poétique, qui nous plonge dans l’ambiance de la vie quotidienne des Pays-Bas du milieu du XVIIe siècle.
Si chaque détail a été fidèlement reproduit d’après l’original, on constate une différence au niveau de la coloration des feuilles de lierre qui encadrent la fenêtre. Les nôtres conservent encore une teinte verte, très légèrement bleuie, alors que celles du tableau du Louvre sont complétement bleutées. Cela s’explique par l’utilisation, dans la version originale, d’une mixture de pigments bleus et de schietgeel, ou stil de grain en français, un pigment jaune qui s’estompe avec le temps et l’exposition à la lumière. Il est ainsi fort probable que le tableau ait été réalisé au début du XVIIIe siècle, d’après l’œuvre originale, au moment où les couleurs de celle-ci étaient encore relativement préservées.
Le tableau a très certainement été copié avant que l’orignal soit recensé pour la première fois, lors d’une vente à Amsterdam le 14 mai 1749 (Lugt 705).
Au début du XVIIIe siècle, il existe une très forte demande pour les oeuvres (notamment pour les scènes de genre) des grands maîtres du XVIIe siècle, comme Gabriel Metsu , qui sont désormais inactifs ou décédés. À leur propre initiative, ou à la demande des collectionneurs dont ils dépendent, de nombreux artistes copient la production de leur prédecesseurs. Ces reproductions, d'une très grande qualité, sont parfois vendues à prix d'or et confondues avec les oeuvres originales. Parmi ces brillants artistes copistes, nous pouvons citer Willem van Mieris (1662-1747) et Louis de Moni (1698-1771). Dans le catalogue de vente de la collection (Leyden, 13 avril 1772) de ce dernier, sont justement mentionnées plusieurs copies d'oeuvres de Metsu par de Moni.
En témoignage de sa popularité, de nombreux dessins (notamment par Jacobus Buys 1724-1801) et gravures ont été réalisés d’après cette œuvre.
Nous remercions Adriaan Waiboer pour son aide dans l’expertise et la datation de cette peinture.
Inscriptions au dos :
- Étiquette « JPL » (?)
- Étiquette « 13 » (Vente du 24 novembre 1975, Hôtel Drouot, Paris, n°13, attribué à Frans van Mieris, illustré)
- « 9 », au crayon
- Trace de cachet de cire
Provenance :
- Probablement vente Chevalier Baget, 14-15 février 1816, Paris, n°59, d’après Metzu, « Un vieillard feuilletant un livre qu’il tient ouvert sur ses genoux. Près de lui, sur l’appui d’une - fenêtre, est un cornet, un mortier de fer et autres accessoires. Fort bonne copie. » 85 F
- Probablement vente Bonneuil, Paris, 8 avril 1816, n°19, d’après Metzu, retiré.
- Vente du 24 novembre 1975, Hôtel Drouot, Paris, n°13, attribué à Frans van Mieris, illustré (étiquette conservée au dos du tableau).