Certes cette toile n'est pas signée, mais ce qui compte ici, c’est l’émotion qu’elle transmet. Nous avons choisi cette toile pour son intensité silencieuse. L'artiste nous plonge dans une atmosphère, évoque une émotion, nous raconte une histoire sans dire un mot. Ce jeune breton, attablé seul dans un cabaret du XIXe siècle, nous capte instantanément par son air mélancolique. Que pense-t-il ? Attend-il quelqu’un ? Est-il absorbé par des pensées lointaines, rêvant d’un ailleurs ou méditant sur son présent ? L’artiste a su saisir ce moment fugace avec une justesse troublante.
L'humanité du traitement, sa patte et ce jeu d'ombre et de lumière qui donne une profondeur à la toile nous font fortement penser à Alexandre Antigna (1817-1878) né à Orléans. Cette artiste est admis à l'École des Beaux-Arts de Paris en 1839. Élève pendant un an de Sébastien Norblin puis durant sept ans de Paul Delaroche, Alexandre Antigna est avant tout le peintre des humbles ainsi qu'en témoignent ses œuvres les plus célèbres. Très vite classé parmi les réalistes et rapprochés de Gustave Courbet, Antigna se distingue malgré tout du maître d’Ornans par la poésie et la religion dont il imprègne ces sujets. À partir de 1860, plus serein, il s'illustre notamment dans des portraits d'Aragonaises, des paysages marins et de nombreuses scènes bretonnes. Ses sujets traitent aussi de la discrimination entre les citadins et les pauvres villageois au XIXe siècle. Très présent au musée d’Orléans, mais aussi de Bordeaux, de Toulouse, de Dinan, de Chartres.