Oscar Torna, Paysage Fluvial, Grez-sur-loing, Nocturne

Cette huile sur toile de la fin du XIXe siècle de l'artiste suédois Oscar Torna (1842-1894) représente un paysage fluvial à Grez-sur-Loing, en France, sous le clair de lune. Torna a été une figure importante de l'évolution du naturalisme suédois.

De lourdes branches aux silhouettes obscurcissent la lune, tandis que la rivière silencieuse scintille d'argent. C'est une scène évocatrice, une leçon magistrale presque monochrome de peinture nocturne. Tranquillité, solitude, qualités réparatrices de la nature - l'artiste les a trouvées ici.

Né dans la paroisse de Kättilstad, Östergötland, Suède, Torna a d'abord suivi une formation commerciale avant de poursuivre ses efforts artistiques. En 1863, il s'inscrit à l'Académie royale des beaux-arts de Suède à Stockholm et se lance dans une longue période de formation formelle.

Considéré comme l'un de ses étudiants les plus prometteurs, ses premières œuvres ont rapidement été exposées par l'Académie, où elles ont été accueillies avec enthousiasme. Sa « Forêt de chênes avec tempête qui approche » fut acquise par l’Association artistique de Stockholm.

A ce stade de sa carrière, ses méthodes se basaient sur les points de vue de ses professeurs, qui avaient tendance à être stéréotypés. On lui avait par exemple demandé d’adopter des compositions agréables, qui idéalisaient le monde naturel plutôt que de le reproduire. L’individualisme était mal vu et les anciens maîtres étaient glorifiés. Les artistes en herbe étaient également découragés de terminer une œuvre entièrement à l’extérieur, car les études d’après nature n’étaient guère plus considérées que comme un aide-mémoire. Les œuvres terminées étaient généralement réalisées dans les limites d’un atelier.

Malgré son succès initial, Torna était en proie à l’agitation et cherchait à élargir ses horizons en voyageant – d’abord à Düsseldorf, le berceau de la peinture de paysage académique. Pourtant, malgré ses richesses, il fut bientôt désenchanté par le manque d’innovation et s’installa à Paris – une ville regorgeant d’idées nouvelles.

Ici, dans les cafés et les ateliers, il découvrit une culture florissante d’esprit individuel – poussant ses artistes à exprimer leurs caractéristiques uniques. À Fontainebleau, des peintres comme Charles-François Daubigny et Jules Louis Dupré achevaient leurs œuvres d’instinct, d’après nature. Un chevalet sous un bras, du jambon et du vin sous l’autre, des toiles attachées au dos. C’était libérateur, libre et, surtout, réel.

Torna fut fasciné et entreprit un voyage d’étude de six mois en 1876 avec un groupe d’artistes français pour apprendre les méthodes de travail « en plein air ». C’était physiquement plus dur qu’il ne l’avait imaginé, avec l’obligation supplémentaire de transporter tout son équipement, mais le niveau de sa production pendant cette période suggère qu’il s’est rapidement adapté.

Il a documenté ses expériences dans « Paysage d’été près de Fontainebleau (1876) », qui se trouve actuellement au Nationalmuseum de Suède.

Plus tard cette année-là, il se rendit dans le village pittoresque de Grez-sur-Loing, près de Fontainebleau, et peignit le long de sa rivière. À divers endroits de ses rives se trouvent des lavoirs en bois, qui devinrent un point d’intérêt pour de nombreux artistes en visite. Il en a inclus un à droite dans ce nocturne.

Il a produit une composition à la lumière du jour presque identique intitulée « Paysage fluvial, Grez-sur-Loing », qui a ensuite été acquise par l'académie comme matériel de référence pour les étudiants. Ses études en plein air ont rencontré un large succès et il a été exposé deux fois au Salon de Paris.

De retour en Suède, il a organisé une exposition personnelle et a continué à faire évoluer ses techniques avec ses sujets dérivés de l'archipel abondant de Stockholm. Au fil du temps, ses œuvres sont devenues un amalgame de ses principes académiques formels et des attitudes expressives des Français. On pourrait le qualifier de « naturalisme académique ».

Aujourd'hui, il est considéré comme une figure influente dans l'évolution des attitudes de l'art suédois de la fin du XIXe siècle. Il est représenté au Musée national, au Riksdagshuset, au musée d'art de Göteborg, à Östergötland, au musée de Malmö, au musée d'art de Norrköping, à l'Académie des arts, au musée nordique et au musée d'art de l'université de Lund.

Signé/daté et inscrit « Paris ». Conservé dans un cadre ultérieur.

Technique : Huile sur toile
Dimensions hors tout : 82 cm x 63 cm
Année de création : 1878
Provenance : Collection privée, Cologne, Allemagne.
État : Nettoyé. Toile regarnie. Cadre en excellent état.
Montant maximum de l'enchère de l'artiste : 38 500 £ pour « Enfants jouant dans un pré près d'un village (1888) », huile sur toile, Sotheby's, Londres, Peintures, aquarelles et sculptures scandinaves des XIXe et XXe siècles, 2000 (lot 72).
Notre référence : BRV1889