Le style pictural raffiné de Muraton représente une période de l’art français, qui est un héritage direct du peintre néoclassique estimé, Jacques-Louis David (1748-1825). David était sans doute le plus grand peintre français de sa génération et a contribué à un changement de pensée vers la raison et le raffinement classique. Travaillant pendant une période de troubles graves, il a été témoin de la première des trois révolutions et de la chute de l’establishment français. Avant l’influence de David, les arts en France étaient enchaînés aux frivolités de la période rococo, abondante en femmes décadentes et en extravagances opulentes. Mais après la décapitation de Louis XVI et de Marie-Antoinette, obsédée par la mode, la sobriété a rapidement remplacé la débauche.
Influencés par la précision mathématique du monde classique, les peintres français ont souvent cherché l'inspiration en Italie pour sa grande architecture, sa sculpture et ses chefs-d'œuvre de la Renaissance. Poussin, Caravage et Raphaël ont été très appréciés et sont devenus la source d'innombrables études. Ainsi, de retour en France, les méthodes d'enseignement ont été adaptées en mettant clairement l'accent sur l'examen des modèles de l'Antiquité. Les étudiants ont été encouragés à perfectionner leurs techniques avec l'ambition de produire une génération supérieure. David est devenu un professeur distingué et nombre de ses élèves sont devenus des maîtres de renom. Parmi eux, Michel Martin Drolling (1786-1851), un peintre d'histoire et de portraits qui, à son tour, a formé un jeune et impressionnable Alphonse Muraton.
Ici, dans ce portrait de 1850, le coup de pinceau précis, le clair-obscur doux et les tons de peau éclatants sont directement liés aux maîtres italiens. À seulement 26 ans, Muraton avait développé une compréhension avancée des effets de lumière et des nuances de la forme humaine. Notez les joues avec leurs variations subtiles.
Avec une telle approche cultivée, Muraton a été célébré par le comité de sélection du Salon de Paris, où il a beaucoup exposé. Il a remporté une médaille en 1868, pour ses « Deux ermites », qui ont été achetés par Napoléon III et envoyés au Louvre avant d'être rendus à l'impératrice Eugénie.
Tout au long de sa carrière, Muraton a continué à produire des œuvres du plus haut niveau et peut être considéré comme un contributeur important à la tradition académique française. Il est représenté dans de nombreuses collections publiques, notamment dans les musées d'Alençon, d'Amboise, d'Angers, d'Aranjuex (Palais Royal), d'Avignon, de Baltimore, de Moulins, de Reims, de Séville, de Saint-Brieuc, de Tours et de Versailles.
Signé/daté en bas à gauche et conservé dans un cadre doré.
Technique : Huile sur toile
Dimensions hors tout : 73 cm x 88 cm
Année de création : 1850
Provenance : Collection privée, Royaume-Uni.
État : Évalué et approuvé par notre conservateur. Nettoyé. Toile regarnie. Craquelures fines et bien fixées, comme on peut s'y attendre. La couche picturale est stable. Cadre restauré.
Prix maximum de l'artiste aux enchères : 5 515 £ pour « Les Frères (1901) », Pastel sur toile, Christie's, 1991 (lot 7).
Notre référence : BRV1848