Fragment de stèle en pierre représentant le Bouddha Sākyamuni
Inde orientale, Bihār – Bengale
Dynastie Pāla-Sena / Xème – XIIème siècle
Le Bouddha est représenté assis, les jambes croisées en position du lotus (vajraparyanka) sur une base à double rangée de pétales de lotus inversés. La main droite est posée sur le genou en position bumisparsha mudra (prise de la Terre à témoin) les doigts pointés vers le sol et la main gauche placée en son giron, paume tournée vers le ciel. L'Éveillé est vêtu du samgathi et de l’uttarasangha plaqués contre le corps laissant la poitrine et l’épaule droite découvertes, un pan de l’étoffe placé sur l’épaule gauche ondulant sur le torse, l'habit finement ouvragé laissant apparaître de minces ourlets. Le Bouddha présente un corps massif aux épaules larges et aux membres puissants, une poitrine gonflée du souffle de la méditation ainsi qu’un nombril en creux surplombant un bas-ventre légèrement proéminent.
Le visage se caractérise par des arcades sourcilières curvilignes se rejoignant à la base d’un nez fin et épaté, des yeux lenticulaires ainsi qu’une petite bouche aux lèvres fines esquissant un léger sourire dans une attitude de profonde intériorité. Le cou est orné des trois plis traditionnels de beauté, la coiffure traitée en de petits picots, cette dernière surmontée de l’usnisa, les oreilles aux longs lobes distendus symbolisant l’origine royale du Bouddha. Le Bienheureux est affublé d’un large nimbe flammé autour duquel est gravé une inscription en Siddhamātrikā, peut-être la dédicace d’un donateur ou une évocation du Bouddha.
De chaque côté de l'Éveillé prennent place deux bodhisattvas représentés debout (samabhanga), bras gauche plaqué contre le corps, bras droit en position abbaya mudra (absence de crainte), tous deux affublés d’un halo. Le registre supérieur se compose de deux stupas pouvant être interprétés comme une allégorie du nirvāna, le haut de la stèle représentant quant à lui le Bouddha en position Mahāparinirvāṇa (Totale Extinction), couché sur le flanc droit et paré de la robe monastique, la tête posée au creux de la main droite, cette dernière prenant appui sur un coussin.
Le registre inférieur de forme quadrangulaire est agrémenté de deux lions de chaque côté (le lion étant traditionnellement associé au clan des Sākya et au Bouddha lui-même), le corps présenté de profil, la queue enroulée formant volute, la tête de face, gueule rugissante et crinière foisonnante. Le centre de la scène évoquant une étoffe.
L'art Pāla-Sena s'étend sur une période de quatre siècles (approximativement de 800 à 1200 de notre ère) et se pose comme héritier de l’école Gupta et post-Gupta de la vallée du Gange et plus précisément de celle de Sārnāth. Du grand art des Gupta et post-Gupta qui avaient créé un répertoire esthétique et narratif admirable, l'art Pāla ne s'y consacra que par son iconographie: images en bronze ou en pierre et exceptionnellement des bas-reliefs. Les premières productions révèlent une élégance et un équilibre certains ainsi qu’un goût prononcé pour la représentation des ornements. Au cours du Xème siècle, l’iconographie se diversifie, la silhouette des personnages s'allonge progressivement et s'affine, les bijoux sont moins importants, les traits du visage sont plus épais et plus accentués.
Pierre dure
Usure d’usage, accidents et manque visibles
25.6 x 18 cm hors socle
Collection privée européenne
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