France, Strasbourg, première moitié du XVIllème siècle, Heinrich Adam REUHL (REUL, REIL), arquebusier à Strasbourg (Bas-Rhin) 1726-1784, originaire de Kronberg, ville allemande située dans le land de Hesse.
En 1726, Reuhl est compagnon dans l'atelier de l'arquebusieur Christian Trincks
(1714-1751), il est mentionné dans les protocoles de Maîtrise de 1736 à 1784. Le 10 decembre 1732, il est admis au droit de bourgeoisie. En 1744, Reuhl, agissant en qualité d'expert, dresse l'inventaire de la succession de l'arquebusier Antoine Pusset, armurier du Cardinal de Rohan.
Longueur : 15,4 cm
Etat de conservation :
très bel état, dans son poli glace et dorure d'origine. Légère fêlure à la monture.
Commentaires :
Strasbourg est un centre de fabrication d'armes à feu dès le XIVème siècle mais ne se developpe
véritablement que dans la première moitié du XVème siècle en accord avec la lente évolution des
techniques.
Vers1660, la cité voit l'apparition de la platine à silex avec la présence "d'un levier exterieur
en forme de poisson bloquant le chien, cette sureté semblant être particulière aux ateliers strasbourgeois.
Puis ses arquebusiers généralisent, au XVIIIème siècle, à son ultime degré, la platine à silex française sur
monture en noyer.
En 1701, Strasbourg compte 11 ateliers d'arquebuserie, et voit durant la première
moitié du siècle leur admission au droit de bourgeoisie.
En 1769, il n'existe que 6 maîtres en activité, en
1784 les ateliers ne sont plus qu'au nombre de huit. Comme l'a fait remarquer À. Schimpf, les armes à
feu de fabrication strasbourgeoise, ainsi que leurs études et publications (la première datant de 1955,puis 1971-1973),
sont extrêmement rares.
En France et même à Strasbourg, le musée historique de la ville ne
compte que 38 pièces de différentes époques,
le Musée de l'Armée à Paris ne conserve qu'un seul
exemplaire: une arquebuse de chasse poinçonnée.
Si dans les collections étrangères les armes
strasbourgeoises sont mieux représentées, notons que seul le Bayerisches de Munich abrite un fusil Anv-
Nr.13/7385)
de l'arquebusier qui nous occupe : Heinrich Adam Reuhl.
Nous avions émis l'hypothèse d'une oeuvre de maîtrise mais l'érudite publication de Schimpf précise que, bien qu'entre 1700 et 1789, le statut du corps artisanal soit complété par 6 ordonnances, celle de 1743 institue " l'exécution d'une arme de maîtrise pour être admis à la qualité de maître-arquebusier" mais plus précisément d'un fusil. D'un point de vue chronologique de l'activité de Henrich Adam Reuhl et technique, notre pistolet ne peut donc appartenir à cette catégorie.
En l'absence de référence, notamment dans des collections privées, nous pouvons conclure que le pistolet ici étudié est une rare arme de poing témoin de l'art de l'arquebuserie à Strasbourg durant la première moitié du XVIIIème siècle, de la main d'un des 6 derniers maîtres restant encore en activité à Strasbourg en 1769, et que sa qualité d'exécution laisse à penser qu'il s'agit probablement d'une commande privée
d'un personnage raffiné.