(Belfort, 1787 - Paris, 1865)
La prise de Troie ?
Huile sur sa toile d’origine
H. 50 cm ; L. 72,5 cm.
Oeuvre en rapport :
Une esquisse au musée Henner, identifiée par Jacques Foucart, correspond à la partie gauche de notre étude. On remarque de nombreuses variantes : absence de l’enfant mort au premier plan, un seul enfant auprès de sa mère à gauche et non pas deux, etc. (ill. 1)
Bibliographie :
De David à Delacroix. La peinture française de 1774 à 1830. Notice d’Arnauld Brejon de Lavergnée et Jacques Foucart, page 483.
Fils d’un professeur de dessin, François-Joseph Heim devient l’élève de Vincent avant de décrocher le prix de Rome en 1807 sur le thème de Thésée vainqueur du Minotaure. A Rome, il étudie la grande peinture du XVIIe siècle et réalise de nombreuses copies d’après des groupes du Jugement Dernier de Michel-Ange. Dès son retour à Paris commence une brillante carrière de peintre d’histoire qui lui vaut de nombreuses commandes pour des églises ou des châteaux. Ainsi réalise-t-il deux plafonds pour le musée Charles X au Louvre. Peintre favori des Bourbons sous la Restauration, soutenu par le comte de Forbin, il se distingue particulièrement par un tableau d’histoire contemporaine exposé au Salon de 1827 : Charles X distribuant les récompenses aux artistes à la suite de l’Exposition de 1824, dont le succès contribue à son élection à à l’Institut en 1829. Quelque peu dédaigné pendant la Monarchie de Juillet, quoique toujours fort actif, François-Joseph Heim bénéficie d’une salle rétrospective à l’Exposition universelle de 1855 et mérite l’admiration de Charles Baudelaire.
Artiste officiel, Heim n’en est pas moins l’auteur de « toiles brillantes, bouillantes, animées, nerveuses, d’une vigueur d’empâtement et d’une liberté de pinceau surprenantes. (…) Largeur du geste, énergie du dessin, sont servis par un modelé nerveux et solide, une puissance de pinceau, des tons vigoureux, une exécution ferme, franche » (Brejon de Lavergnée et Foucart). Cette fougue, ce dynamisme dans la composition et dans la touche se retrouvent dans notre esquisse, morceau magnifiquement enlevé dont l’esprit romantique recouvre des réminiscences de peinture italienne du seizième ou du dix-septième siècle, tandis que le cheval blanc sur lequel arrive un général romain semble un trait d’union entre Rubens et Delacroix.
Malgré une certaine confusion de la scène et l'absence du cheval, plusieurs éléments semblent correspondre à la chute de la cité troyenne. De gauche à droite : Enée portant Anchise (Anchise paraît cependant bien jeune...) , Andromaque et son fils Astyanax (mais il y a plusieurs enfants dans notre oeuvre), Hécube et la dépouille de Priam ; quant au cavalier vêtu de rouge, s'agit-il d'Ulysse contemplant la fin de Troie, ou Pyrrhus le fils d'Achille qui venait d'assassiner Priam, ou encore Ménélas s'interrogeant sur le sort qu'il va réserver à Hélène ?