Fond blanc, à décor polychrome. Au centre, un médaillon circulaire, encadré d’un filet doré, met en scène un des attributs allégoriques : un chapeau orné de fleurs, une trompette dorée, un foulard ou ruban bleu drapé, ainsi qu’une guirlande de fleurs et de feuillages, évoquant un thème pastoral ou champêtre. Le corps est orné d’un large bandeau à fond rose, agrémenté de volutes et d’arabesques peintes en parme, qui soutient le médaillon central. Ce bandeau est encadré de deux frises décorées de guirlandes de cordages et de filets en dorure. Le col présente un motif doré de guirlandes et de rinceaux. Des guirlandes de feuillages et des filets dorés ornent les bordures et le corps de la pièce.
Marque(s) : Peinte au pinceau en or "VV" pour VERNEUILH et NEUVEU,
Dimension(s) : Haut. 16,2 cm - Long. 10,7 cm,
Condition(s) : BON ÉTAT - 1 Félure à la base de l'anse et 1 autre dans la partie haute de l'anse à la jonction anse:pot - (Reprise invisible à l'oeil nu) - Infimes usures d'usage,
Époque : XVIIIe - LOUIS XVI (1787-1791)
LA PORCELAINE DE BORDEAUX
"VERNEUILH et NEUVEU" et NON "Verneuilh et Vanier"...
La dénomination de la manufacture de porcelaine de Bordeaux est sujette à débat. Traditionnellement appelée "Verneuilh et Vanier", cette appellation est erronée depuis de nombreuses années.
Aucune documentation historique ne confirme une association entre les Verneuilh et Michel Vanier. Les recherches indiquent que Pierre Verneuilh et son neveu Jean ont fondé leur propre manufacture au château des Terres de Bordes en Paludate, à Bordeaux, en 1781. Cependant, en raison de la qualité médiocre de leur production, ils décidèrent, en Juillet 1787, de sous-louer la manufacture à Michel Vanier, un porcelainier expérimenté originaire de Valenciennes. Selon une lettre de Vanier adressée à Alluaud le 10 novembre 1787, cet accord prévoyait que Vanier produirait de la porcelaine blanche pour les Verneuilh, qui achetaient ensuite ces pièces pour les décorer dans leurs ateliers bordelais.
Par ailleurs, confronté très rapidement à des difficultés financières, six mois après son arrivée à Bordeaux, Vanier s'associa, le 1er janvier 1788, à François Alluaud de Limoges, son propre fournisseur de terres, pour pouvoir poursuivre sa production de porcelaine blanche. Les pièces décorées et issues de cette collaboration portent la marque "A.V." en bleu de grand feu, avec ou sans la mention "Bordeaux", signifiant "Alluaud et Vanier". Il est donc impossible que Vanier ait été simultanément associé aux Verneuilh et à Alluaud...
Les pièces décorées par les Verneuilh sont marquées de deux "V" l'un à côté de l'autre ou se superposant légèrement, représentant "Verneuilh et Neveu" (Pierre Verneuilh et son neveu Jean). Ainsi, la dénomination correcte de la manufacture est "VERNEUILH et NEVEU" et non "Verneuilh et Vanier", une appellation erronée répandue depuis de nombreuses années.
En conclusion, bien que Michel Vanier ait joué un rôle significatif dans la production de porcelaine à Bordeaux, il n'existe pas de preuves d'une association directe entre lui et les Verneuilh. La désignation "VERNEUILH et NEVEU" reflète donc plus fidèlement la réalité historique de la manufacture des Verneuilh à Bordeaux entre 1781 et 1786, période après laquelle elle devint uniquement un ATELIER de décoration bordelais toujours appelé "VERNEUILH et NEUVEU" de 1787 à 179? (Nous ne connaissons pas exactement la fin de l'atelier de décoration des Verneuilh). Il est à noter qu'en 1793, les Verneuilh achetaient encore des stocks de porcelaines blanches de Vanier vendus aux enchères suite à la fermeture de sa manufacture en 1791. De plus, les Verneuil se fournissaient également en porcelaines blanches auprès de manufactures parisiennes telles que celle de Nast.
Ronan Lelandais
Expert en Porcelaines Dures Françaises