Satyre et ménéde
Alabastre, cm 42 x 31
Ce petit albâtre se structure en deux parties : la base, décorée d’une frise en méandre entre deux cadres aux motifs végétaux, et les deux figures du satyre et de la ménadie qui s’y superposent. Dans la mythologie ancienne, ces deux figures étaient étroitement liées au dieu Dionysos : les ménadies étaient en fait des femmes envahies par la force vitale du dieu de l’ivresse, dont elles étaient précisément les disciples, Le satyre était une divinité mineure liée à l’univers boisé et généralement associée à Dionysos ou au dieu Pan. L’aspect animal de ce dernier est immédiatement visible en observant les sabots, la toison des pattes jusqu’à arriver aux oreilles de chèvre. Son aspect sauvage contraste avec la beauté de la ménade, couchée sous les frondes d’un arbre dont elle a fait un lit temporaire; La lascivia détendue avec laquelle il se laisse doucement sur le tronc se manifeste parfaitement dans le geste de fixer la chevelure ainsi que dans le bras gauche légèrement appuyé sur les feuilles. La variété dans le traitement des surfaces surprend : finement rainurées dans les briques et le tronc, plus en relief dans les détails du poil et des cheveux et extraordinairement lisse le long des contours des corps. Il faut également noter les petits détails des fleurs et des fruits magistralement encastrés dans la composition, de sorte qu’ils semblent faire partie du même fragment d’albâtre. Le matériau se prête bien à cette variété et exalte l’œuvre dans tous ses détails, soit grâce au reflet lumineux, changeant comme un clair-obscur pittoresque, soit grâce aux différentes tonalités naturelles de la pierre. En se trouvant dans la Sicile du XVIIe siècle, probablement dans la région de Trapani, il est naturel de penser aux noms des grands artistes du baroque sicilien, style qui s’est développé parallèlement au roman tant que beaucoup d’architectes, sculpteurs et peintres de l’île ont été formés à Rome.