Couple d’Agnus Dei du pontificat de Paul V
(2) Ovales en cire et cadres en bois doré, cm 59 x 43
Rare artefact sui generis, conventuel, l’Agnus Dei est un disque de cire sur lequel est gravé, sur le recto, le portrait de quelques saints ou exceptionnellement des scènes de vie du Christ, tandis que vers l’Agneau apocalyptique, symbole canonique du Christ. Il est né au Vème siècle, quand, à l’occasion de l’Ascension, dans toutes les églises romaines on fraisait manuellement le cierge pascal en quelques minutes pour la distribution aux fidèles, après la célébration eucharistique. Les premiers documents attestant la bénédiction effective des fragments individuels ne datent que du IXe siècle pendant le mélange culturel carolingien; la pratique dut cependant être adoptée dès le Ve siècle. Avec le passage des décennies, la fraction primitive a été remplacée par la section du cierge en disques, qui n’ont pas été immédiatement distribués mais plutôt retenus pour y imprimer sur les deux versets les images ci-dessus. Ces Agnus Dei étaient bénis par le même pape, seulement dans le premier et ensuite tous les sept ans de son pontificat, anciennement le Samedi Saint, puis la semaine en albis ou le mercredi de Pâques; ils étaient donc réalisés avec la cire du cierge pascal pétrinien, ou d’autres basiliques romaines. Anciennement, dans la fabrication des disques sacrés était ajouté le Saint Chrisme; réalisé au début par les sous-diacres apostoliques, puis par le Sacriste pontifical, Clément VIII (1592-1605) ordonna que la manufacture devienne la propriété des cisterciens du Monastère de Santa Pudenziana et San Bernardo aux Thermes de Rome. L’exclusivité passa ensuite au Monastère de Sainte-Croix à Jérusalem quand la congrégation de ces moines, les réformés de Saint-Benoît appelés Foglianti, fut agrégée à celle plus large des Cisterciens de San Bernardo en Italie (1802). La réalisation d’Agnus Dei a cessé à l’occasion du Concile Vatican II.Les plus importantes collections muséales et privées abritent aujourd’hui des Agnus Dei réalisés pendant les pontificats d’Innocent XI (1676-1689), de Clément XI (1700-1721) et de Benoît XIII (1724-1730); les présents acquièrent donc une valeur extraordinaire de témoignage historiqueculturelle, ayant été ordonnée par Paul V Borghese (1605-1621), comme le signalent les inscriptions périmétrales sur recto et verso et le symbole papal.
Les deux disques offrent sur le verso l’image de l’Agneau mystique dans le Livre de l’Apocalypse ou Évangile, dont on dépeint la couverture de plat : La Chair du Christ repose donc sur la Parole de Dieu, où le Verbe est aussi à comprendre l’Esprit Saint. L’agneau est également représenté accompagné d’un nimbus crucifié et de la bannière de la victoire du Christ sur la mort, avec une croix rouge dans le champ blanc. Au-dessous triomphe le blason de Paul V encadré par les clés pétriniennes croisées avec un dragon ailé en bas et un aigle à ailes étendues en haut. L’iscrizione che corre sul perimetro recita “ECCE - A - DEI - QVI - TOL – PEC – MVND / PAVLVS - V - PONT – M”, ovvero Ecce Agnus Dei Qui tollit peccata mundi / Paulus V pontifex maximus, mentre in esergo si riporta l’anno di benedizione, “AN - XIIII”, c’est-à-dire la quatorzième année du pontificat de Paul V qui, y compris le premier, était en 1618, donc à l’occasion de la troisième bénédiction d’Agnus Dei officiée par le pape (la première année, 1605; après sept, 1611; après sept autres, 1618). Le recto du premier Agnus Dei représente la Crucifixion, avec la Vierge et saint Jean-Évangéliste assis sur les côtés de la croix, tandis que Madeleine est agenouillée près du crâne d’Adam. L’inscription de périmètre indique "O - C[? ]SV[? ] crux AB ORIGIN[E] crux MV[x][ND] crux PAVLV[S V] P - M - A - XIIII, rappelant encore, dans le trait lisible ab origine mundi / Paulus V pontifex maximus - anno XIIII l’origine paolina. Sur le recto de l’autre Agnus Dei se trouve une suggestive bénédiction donnée par le Christ, qui s’élève de la croix et aide deux petits anges à l’égard d’un saint agenouillé en attitude de prière.